Expo partenaire«Dance First Think Later»: et le Commun devance Paris
L’exposition pluridisciplinaire à voir actuellement au Bâtiment d’art contemporain collabore avec 44e La Bâtie sur trois propositions.

«Danse d’abord, réfléchis ensuite – tel est l’ordre naturel.» Le premier à énoncer cette maxime fut Samuel Beckett, dans «En attendant Godot», au début des années 50. Ex-codirecteur du Centre culturel suisse à Paris (CCS), Olivier Kaeser détourne la formule pour en faire le slogan de l’exposition qu’il propose jusqu’au 13 septembre au Commun – Bâtiment d’art contemporain. Sa rencontre entre danse et arts visuels, le curateur l’entend en effet comme un «terrain d’expérimentation» où se mâtinent vidéos, installations, sculptures, photos, dessins ou collages, d’une part, et performances chorégraphiques de l’autre. «Mes années passées au CCS m’ont donné envie de pousser mon intérêt pour le pluridisciplinaire, et de combiner au sein d’un même espace les domaines entre lesquelles l’échange est fécond», explicite le commissaire. Résultat: 21 artistes au total, en provenance de 11 pays, dialoguent aujourd’hui entre six adresses genevoises.
Désireux de se réinscrire dans la vie culturelle genevoise après sa décennie parisienne, Olivier Kaeser s’est initialement senti «très stimulé par l’ouverture du Pavillon de la danse, fruit du long combat de l’Association pour la danse contemporaine (ADC)». Un lieu idéal, selon lui, pour abriter «les rebonds mutuels entre la danse et les arts visuels». Ses discussions avec la directrice de l’ADC, Anne Davier, devaient ainsi déboucher sur un événement lors de l’inauguration cet automne. Le Covid est passé par là et, à défaut, la Ville a ouvert les portes du Commun au programmateur, en plus de lui accorder une subvention.
Entre-temps des passerelles avec La Bâtie de Claude Ratzé se sont construites tout naturellement. Si bien que les deux manifestations concomitantes présentent trois interventions conjointes. Pour signaler leur maillage, le Genevois Samuel Pajand est invité à projeter son «Horloge de l’amour» tant au Commun, dans le foyer de l’ADC aux Eaux-Vives qu’au Cabaret de La Bâtie, salle du Faubourg. Dans un cadran rond, on y voit l’artiste et sa compagne, nus, superposés face à face, reproduisant douze heures durant le mouvement des aiguilles d’une montre autour d’un axe génital.
Ce week-end, le duo californien Gerard & Kelly présente sous les deux bannières réunies un «Clockwork» plus orienté architecture. Conçue pour être dansée dans un logement de Le Corbusier (l’immeuble Clarté à Genève), la performance aura finalement pour écrin l’Appartement du MAMCO. Cette partition minimaliste pour deux danseuses (Tamara Bacci et Ruth Childs) conjugue l’intime et le général, en entrelaçant les rythmes du passage du temps avec des fragments de mémoire parlée.
Enfin, pour couronner cette collaboration, le Chypriote Christodoulos Panayiotou itérera les 6 et 13 septembre à l’ADC sa conférence-fleuve sur la représentation de la mort sur scène, «Dying on Stage». Le plasticien s’étant constitué un réservoir de vingt heures d’images glanées sur YouTube, il partage sa collection au travers de performances au long cours, où alternent scènes d’opéra, séquences de cinéma muet et autres variétés télévisées, y compris l’une des dernières apparitions filmées de Rudolf Noureev, atteint du sida. «Un mélange de registres qui parle à tous» pour Olivier Kaeser; une «belle manière de conclure le festival» pour Claude Ratzé.
«Dance First Think Later» Bâtiment d’art contemporain, rue des Bains 28, jusqu’au 13 sept., www.artasperto.ch
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