Daech frappe les enfants de Manchester
L'attaque kamikaze a fait 22 morts, dont des jeunes, et 59 blessés, à la sortie du concert de la chanteuse Ariana Grande. Un possible complice a été arrêté.

Les Britanniques sont sidérés et écœurés. Pour la première fois, un attentat perpétré en Europe a visé expressément des enfants et leurs familles. Ils sortaient du concert à guichets fermés de la chanteuse américaine Ariana Grande à la Manchester Arena, une salle de 21 000 places. Mardi soir, la police avait comptabilisé vingt-deux morts et cinquante-neuf blessés, soit le bilan le plus lourd pour un attentat dans le pays depuis ceux du 7 juillet 2005, qui avaient fait 52 morts et 775 blessés. Cette attaque intervient aussi après celle du 22 mars, quand un terroriste a tué cinq personnes à l'approche du palais de Westminster.
La police suspecte un dénommé Salman Abedi, 22 ans, d'être le kamikaze, mais a précisé que son corps n'avait pas encore été identifié. Auparavant, les autorités sont rapidement intervenues pour tenter de remonter sa piste et son réseau. Un appartement et une maison situés dans deux quartiers du sud de Manchester ont été perquisitionnés par la police. Celle-ci a fait détonner un explosif avant d'entrer dans chacun des logements. Un homme de 23 ans a également été arrêté par des policiers cagoulés et lourdement armés.
Sous les drapeaux en berne de sa résidence officielle, la cheffe du gouvernement, Theresa May, a estimé que «cette attaque sort du lot, par sa lâcheté répugnante, visant délibérément des enfants, des jeunes innocents et sans défense, qui profitaient de l'un des jours les plus joyeux de leur vie. Nous avons du mal à comprendre l'esprit tordu qui voit dans une salle remplie de jeunes enfants non pas une scène à chérir mais la possibilité d'un carnage.»
Lundi soir, alors que le public commençait à sortir tranquillement du concert, un kamikaze a fait exploser à 22 h 30 «un appareil explosif improvisé» dans le foyer de l'enceinte. Emma Johnson, entrée dans l'espace public situé au rez-de-chaussée du complexe pour récupérer ses enfants, âgés de 15 et 17 ans, a raconté avoir vu l'assaillant. «Les portes se sont ouvertes avant la fin de la dernière chanson et des gens ont commencé à partir pour éviter la circulation. Nous nous sommes approchés des portes et nous nous sommes placés en hauteur pour que les enfants nous voient. Tous ceux qui sortaient portaient les vêtements de couleur blanche, noire et rose d'Ariana. Je me suis tournée et j'ai vu un homme qui portait un vêtement rouge vif avec plein de trucs qui dépassaient en dessous. A ce moment-là, l'explosion a eu lieu.»
nobody deserves to feel this kind of terror and panic. My heart is with all the affected. #manchesterattackpic.twitter.com/6k1LcZHrfg— sara (@jbsgoldsoul) May 23, 2017
Hayley Hunt, accompagnée de sa fille de 10 ans, Annabelle, a de son côté passé la nuit dans un hôtel à proximité de la salle de concert. «Après l'explosion, c'est devenu hystérique et nous nous sommes mis à courir. Nous avons trouvé une autre fille qui avait perdu son papa et nous avons couru avec elle. Heureusement, elle l'a rapidement retrouvé. Mais ce chaos était terrifiant. Cela vous fait peur d'emmener votre enfant où que ce soit désormais. C'était son premier concert et je me demande si elle voudra y retourner un jour.»
Après avoir rappelé le «choc» subi par «toute la nation», la reine Elisabeth II a exprimé son «admiration pour la manière dont les gens de Manchester ont répondu avec humanité et compassion à cet acte de barbarie».
Dès lundi soir, les habitants ont en effet fait preuve d'une forte cohésion. Chris Parker, un sans-abri de 22 ans installé non loin de la salle, a raconté: «La déflagration m'a fait tomber par terre. Au lieu de m'enfuir, mon instinct m'a dit de courir vers l'endroit de l'explosion pour essayer d'aider. Il y avait des gens allongés par terre partout.» Après avoir pris soin d'une petite fille, dont la mère était morte à ses côtés, il a tenté de soulager une femme d'une soixantaine d'années décédée dans ses bras.
Parallèlement, les habitants de Manchester ont ouvert la porte de leur domicile et ont offert l'hospitalité aux visiteurs trop perturbés pour retourner chez eux. Des centaines de taxis et de chauffeurs ont ramené des gens gratuitement, effectuant même les cinquante kilomètres de trajet depuis Liverpool pour leur venir en aide. Preuve de la cohésion des Mancuniens, certains hôpitaux et banques du sang ont refusé des dons du sang en raison de l'afflux massif de volontaires, pour se concentrer sur la réception des donneurs universels, de groupe sanguin O négatif.
Alors que la police rendait public le nom des premières victimes, des centaines de personnes recherchaient encore leurs proches en lançant des appels sur les réseaux sociaux. «Je suis à la maison et j'appelle tout le monde: les hôpitaux, la police, les centres où les enfants ont été placés», explique Charlotte Campbell, sans nouvelle de sa fille de 15 ans, dont le petit ami a été retrouvé dans un hôpital. «Son père et des amis sont à Manchester pour la trouver et même des gens que je ne connais pas m'envoient des SMS en me disant qu'ils ont leur photo et qu'ils me feront signe s'ils la trouvent. Mais son téléphone ne sonne toujours pas.»
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