Elle a mis en place les règles du roman policier à partir d'une question initiale
La «Britishissime» Agatha Christie est morte il y a quarante ans. Elle reste la romancière la plus vendue au monde.

Agatha Christie s’est éteinte le 12 janvier 1976, à l’âge de 85 ans, à Winterbrook House, une résidence d’architecture géorgienne de Wallingford, dans l’Oxfordshire. Depuis, des lecteurs de tous continents se rendent au cimetière de cette commune d’Angleterre méridionale pour fleurir sa pierre tombale sculptée d’angelots. Or la romancière n’avait rien d’un ange, hormis cette chevelure qui la bouclait d’or dans une photographie tirée d’un album de son enfance: le chérubin n’y sourit pas, l’œil est plus cruel qu’enjoué, un cynisme inextirpable, qui perdurera. Deux ans avant sa mort, à l’avant-première d’un film de Sidney Lumet inspiré par un de ses livres les plus fameux, Le crime de l’Orient-Express, elle déplora à voix haute – et en présence de la reine Elisabeth II, de 35 ans sa cadette et qui l’avait anoblie en 1971 – qu’on affublât d’une moustache à crocs l’acteur Albert Finney qui y incarne Hercule Poirot, le plus légendaire de ses héros. Elle trouva cet appendice ridicule, «trop banal»… Il n’en restera pas moins moustachu, tant au cinéma que dans toutes les moutures de séries télévisées. Ce «happening», dont les tabloïds londoniens firent leurs choux gras, fut sa dernière apparition publique. Coïncidences aléatoires du calendrier, elle tuera son fameux détective, glabre ou pas, six mois avant sa propre mort. Relire Hercule Poirot quitte la scène. A l’inverse de Poirot, Miss Marple, l’autre personnage qui prédomine dans ses intrigues policières, ne mourra pas sous sa plume, et résoudra une Dernière énigme en cette même année 1976. Celle donc de la mort d’Agatha Christie.