«Casse-Noisette» fait de l’éveil un enchantement
La création du chorégraphe Jeroen Verbruggen pour le Ballet du Grand Théâtre est une très belle réussite.
Pas de traditionnel sapin de Noël dans son Casse-Noisette, mais un haut lustre de cristal décoré de flûtes de champagne, baigné d’une douce lumière rosée. Pas de flocons de neige, mais une averse rafraîchissante de confettis argentés. C’est sa vision toute personnelle du ballet de Tchaïkovski que Jeroen Verbruggen porte sur la scène du Grand Théâtre. Des tableaux fantasmagoriques nés dans l’esprit du chorégraphe s’animent. Une armoire sert de sas entre ici et ailleurs, hier et demain, et de port d’attache dans l’éveil à l’amour et la quête de soi. Ces notes de musique que chaque spectateur a en tête sont vivifiées par un sang frais à la pulsation rapide. Les pas, les gestes, les attitudes semblent totalement neufs, jamais vus, jamais explorés, alors même que de l’ensemble se dégage une délicate impression d’harmonie atemporelle et de classicisme.
Jeroen Verbruggen n’avait jamais travaillé avec le Ballet du Grand Théâtre. Comment le croire? Ce Casse-Noisette va comme un gant à la compagnie genevoise, qui sublime sa fraîcheur et exalte son inventivité. Sara Shigenari (Marie), Nahuel Vega (le Casse-Noisette) et Geoffrey Van Dyck (Drosselmeier) collent à la peau de ces trois icônes revisitées par le talent du jeune Belge, qui fait de leur passage sur scène un cheminement vers l’identité de chacun. Les costumes, réalisés par la maison parisienne On aura tout vu, soulignent avec goût le sens de cette quête tout en la rendant lumineuse et festive.