MédiaCovid: 14 journalistes encore en prison pour avoir fait leur métier
Plusieurs pays ont profité de l’épidémie pour renforcer leur contrôle sur les médias. La moitié des journalistes emprisonnés pour leur traitement de la pandémie se trouvent en Chine.

Quatorze journalistes, arrêtés en lien avec leur couverture de la pandémie de Covid-19, sont actuellement sous les verrous, principalement en Asie, selon Reporters sans frontières (RSF). Certains pays ont profité de la crise sanitaire pour renforcer leur contrôle sur les médias et l’information, déplore l’organisation.
Entre février et fin novembre, près de 450 journalistes ont été atteints dans leur liberté d’informer en lien avec leur couverture de la pandémie mondiale. Les interpellations et arrestations arbitraires représentent plus d’un tiers de ces «incidents» recensés par RSF et son «Observatoire 19», dédié au suivi de la crise sanitaire.
Autre chiffre: entre mars et mai 2020, au début de la pandémie mondiale, le nombre d’interpellations et d’arrestations dans le monde a été multiplié par quatre. Ces données sont issues d’une liste non exhaustive, avertit RSF, qui publie lundi la première partie de son «bilan annuel des exactions commises contre les journalistes dans le monde», établi chaque année depuis 1995.
Le rapport pointe du doigt «les lois d’exception ou les mesures d’urgence adoptées par une grande partie du monde pour faire face à l’épidémie». Celles-ci ont, selon RF, contribué à «confiner l’information et ceux qui la produisent en les arrêtant, voire en les jetant en prison». La plupart sont relâchés après quelques heures, jours, voire semaines, mais 14 sont toujours privés de leur liberté pour des raisons liées à leur traitement de la pandémie.
Neuf d’entre eux (71%) le sont en Asie, dont sept en Chine. Dans le reste du monde, trois sont derrière les barreaux pour les mêmes raisons au Moyen-Orient, «où plusieurs pays ont profité de l’épidémie pour renforcer leur contrôle sur les médias»: deux en Iran, un en Jordanie. Au Rwanda, un journaliste est en prison, officiellement «pour avoir enfreint les règles du confinement», relève RSF.
Stabilité du nombre total de détenus
Au total, 387 journalistes sont détenus dans le monde, contre 389 en 2019. Un nombre stable, mais «historiquement haut», note RSF. De plus, l’organisation de défense de la liberté de la presse en recense au moins 54 – en baisse de 5% par rapport à 2019 – actuellement retenus en otages en Syrie, en Irak et au Yémen. Quatre autres sont portés disparus à travers le monde.
Un peu moins de deux tiers (61%) des reporters derrière les barreaux le sont dans seulement cinq pays, indique RSF. Les mêmes qu’en 2019: la Chine (117), l’Arabie saoudite (34), l’Égypte (30), le Vietnam (28) et la Syrie (27).
42 femmes journalistes en prison
Autre élément saillant mis en avant par RSF: «Les femmes journalistes, de plus en plus nombreuses dans la profession, ne sont pas épargnées par la répression», souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, cité dans le communiqué. RSF constate une hausse de 35% du nombre d’entre elles en détention à fin 2020. Elles sont 42, contre 31 en 2019.
Les nouvelles détenues sont principalement originaires du Bélarus (4), qui connaît une répression sans précédent depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020, d’Iran (4) et de Chine (2). Parmi celles-ci: la journaliste vietnamienne Pham Doan Trang, Prix RSF de la liberté de la presse 2019.
ATS/NXP
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