
Founex, 23 février
«Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées», écrivait Molière. La liberté d’expression, c’est essentiel et fondamental. Mais qu’en est-il du choix d’un journal de permettre de commenter des articles alors même que les opportunités en la matière offertes notamment par les réseaux sociaux sont pléthoriques? La «Tribune de Genève» s’est questionnée à ce propos et cela est tout à son honneur.
Toutefois, j’ai lu que «sans surprise, les personnes qui avaient accès aux commentaires passaient en moyenne 9% de temps en plus sur nos plateformes que les autres. Ce critère de durée d’engagement est pour nous le meilleur critère de satisfaction envers nos contenus.»
Vraiment? Critère de satisfaction? Du contenu qui plus est? Je ne comprends pas du tout ce raisonnement. Plus globalement, s’agissant des commentaires, de nombreuses personnes avec lesquelles j’ai échangé à ce sujet partagent mon avis.
Les commentaires, quelle plus-value offrent-ils? Un espace d’expression propice aux débats constructifs ou un simple et pathétique défouloir? Ce que je constate, dans les trop nombreux cas où j’ai commis l’erreur de lire des commentaires sur différentes plateformes de journaux, c’est que ce fameux espace s’apparente à un déversoir de haine latente et de frustration évidente, entre autres sentiments peu honorables. C’est aussi le royaume des sophismes et des inepties. C’est le comptoir de bar qui se mue en clavier.
En fin de compte, je pense que les commentaires représentent le meilleur créateur et alimentateur de misanthropie. Ceux-ci me rappellent cette célèbre phrase dont la paternité revient à Sir Winston Churchill: «Le meilleur argument contre la démocratie est un entretien de cinq minutes avec un électeur moyen.» Je dirais plutôt: le meilleur argument contre la démocratie est une lecture de cinq minutes de commentaires d’articles.
Enfin, n’essayez pas de me coller une étiquette partisane. Je ne suis d’aucun bord politique. La droite me fait pleurer. La gauche me fait pleurer de rire. Et à force de pleurer, plus rien ne me fait rire. À vos claviers, prêts, partez!
Jérôme Blanc
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Lettre du jour – Couvrez ces commentaires que je ne saurais voir