Grand ConseilCoup de pouce à l’éducation numérique au DIP
Neuf millions sont votés pour l’éducation numérique des élèves. Vingt et un pour rénover l’informatique flageolante du DIP.

La fin d’une incroyable saga? Depuis 2019, le Département tente de doter les établissements de l’enseignement obligatoire et de l’enseignement secondaire II des équipements nécessaires à l’éducation numérique (tablettes, ordinateurs fixes, portables, robots pédagogiques, imprimantes, imprimantes 3D). Refusé en commission, le projet avait été repensé et redéposé par le Conseil d’État en 2021.
Avec 9 millions seulement, contre 22 au départ, il sort fortement amaigri de l’opération. «Ce projet tient compte des critiques faites et offre des moyens aux étudiants notamment dans le secteur du commerce, il faut l’accepter», explique Nicole Valiquer (PS).
Partis divisés
Les partis s’expriment les uns après les autres. L’UDC n’est toujours pas convaincue, mais le MCG défend le projet. Rémy Pagani (Ensemble à Gauche) énumère ses réticences: «Des parents n’auront pas les moyens d’acheter des ordinateurs. Des enfants développent des troubles en restant fixés sur les machines, tombant dans des rapports commerciaux. Mais nous avons accepté un compromis: développer une éducation au numérique.»
«Mais les enfants sont connectés, que vous le trouviez bien ou mal», lui répond Youniss Mussa (PS). «Vaud vient de solliciter plus de 40 millions pour le numérique. On ne peut pas ne rien faire.» Xavier Magnin, du Centre, rappelle que les normes fédérales appellent à un investissement dans le numérique. «Ce n’est plus un souhait, mais une nécessité légale désormais et c’est un besoin de l’économie», dit-il. Les Verts enfin se disent divisés entre technophobes et technophiles. Une division qui semble à vrai dire traverser bien des partis, y compris le PLR par exemple, témoigne Jacques Béné.
Le défi ChatGPT
La magistrate Anne Emery-Torracinta sent venir la victoire. Enfin! «L’éducation au numérique est indispensable, insiste-t-elle. ChatGPT pose de vrais défis aux élèves et enseignants. Mais comment faire, si on ne peut pas tester le travail avec cet instrument? L’avenir de l’informatique à l’école, résume-t-elle, passe, pour les élèves, par l’apprentissage de notions de sciences informatiques, par l’utilisation et par un travail sur la citoyenneté numérique. Pour les enseignants, un travail de formation sera nécessaire et financé.» Au vote, le projet passe par 75 oui, contre 10 non et 4 abstentions.
Refonte massive au DIP
Dans la foulée, le parlement a accepté 20 millions, qui s’ajoutent aux 10 déjà votés en 2017 pour rénover l’informatique du DIP. Il s’agit en particulier de renouveler un système permettant de gérer «les inscriptions et affectations des élèves, l’organisation de la rentrée, la planification des horaires des élèves et des enseignants, le suivi des absences, les évaluations et certifications, l’organisation des examens, la gestion des remplacements des enseignants». En parallèle, le système doit permettre d’obtenir «les tableaux de bord et indicateurs nécessaires permettant le pilotage de la politique publique de formation ainsi que l’aide à la décision stratégique» du département.
«À force d’attendre, l’informatique devient un risque majeur pour le DIP»
Pourtant, là aussi, des hésitations sont perceptibles. L’UDC est contre. Ensemble à Gauche vacille. Le PLR a des doutes sur l’entreprise choisie pour développer le projet, dont l’État serait captif. Ces partis annoncent par conséquent s’abstenir. Autre doute, l’État. Saura-t-il piloter le projet? s’interroge Jacques Blondin (Le Centre). La magistrate Anne Emery-Torracinta ne répond pas aux questions: «À force d’attendre, l’informatique scolaire devient un risque majeur pour le DIP», rétorque-t-elle. Le projet passe la rampe par 36 oui, contre 36 abstentions!
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