Parlement genevoisCongé parental, fortune, des initiatives animent le Grand Conseil
Les différents textes seront tranchés par les citoyens du canton ces prochains mois.

L’initiative des Verts libéraux en faveur d’un congé parental a soulevé les passions. En début de soirée, les passes d’armes se sont succédé autour de ce texte qui propose de créer une assurance, selon ses termes, «financée à parts égales par les employeurs et employés de seize semaines au moins en cas de maternité et de huit semaines au moins pour l’autre parent. Sur demande commune des deux bénéficiaires de l’assurance, l’État garantit la possibilité pour l’un des bénéficiaires de reporter deux semaines de l’assurance en faveur de l’autre bénéficiaire».
«Un texte piège»
Pour la majorité (MCG, PLR, Centre, UDC), représentée par Bertrand Buchs, ce texte constitutionnel, précurseur, est validé par le Conseil d’État. Pour les oppositions (PS, Verts, EAG), c’est un piège: le financement serait paritaire et obligatoire alors que la prestation serait soumise à l’accord des employeurs; les indépendants auraient été oubliés; le congé maternité pourrait même être menacé.
Un contre-projet est demandé. La majorité refuse. «Laissons le peuple voter, une loi d’application réglera les éléments qui inquiètent», réplique l’indépendant Patrick Saudan. Le conseiller d’État Thierry Apothéloz défend le texte de l’initiative qui annoncerait un débat novateur pour la famille. Le Conseil d’État est résolu à ne «jamais péjorer le congé maternité», promet-il. Des solutions seront trouvées pour régler les problèmes relevés.
«Allons, allons…»
Autre texte, autres éclats. Cette fois, c’est l’initiative «Pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes» qui passe à la moulinette. Là aussi, les fronts politiques sont bloqués sur une ligne gauche-droite. Pour le rapporteur de majorité, Yvan Zweifel (PLR), tout est mensonger dans ce texte: elle ne vise pas les grandes fortunes et toutes ses mesures ne sont pas temporaires. «Si les dix personnes les plus frappées par le texte s’en allaient, que se passerait-il? On perdrait l’essentiel des profits espéré et 186 millions payés par ailleurs. De la folie pure».
Alexandre de Senarclens donnera plus tard de la voix dans le même sens. Comme le député du Centre Sébastien Desfayes, qui accuse avec ironie la gauche d’être «dans son rôle en période électorale», et se disant particulièrement déçu sur le soutien apporté par le Conseil d’État au texte. L’UDC et le MCG sont sur la même longueur d’onde.
Le député Pierre Vanek (EàG) se charge de la réponse. Il dénonce les scénarios hypothétiques «bâtis par la droite depuis toujours dès qu’on parle de fortune ou des hauts revenus. Les riches viennent parce qu’on leur fait des cadeaux massifs. Il s’agit de modifier un peu la situation, allons, allons…» Il met en avant «l’aspect modeste de la hausse par rapport à l’incroyable hausse des grandes fortunes à Genève.»
Échos identiques des socialistes, Sylvain Thévoz, et des Verts, qui rappellent que l’initiative, qui en adaptant le bouclier fiscal et de tripler des déductions sociales, baissera l’imposition sur la fortune du plus grand nombre. «Les inégalités croissent, des investissements énormes sont nécessaires pour la transition énergétique», assure Pierre Eckert (Verts).
Le Conseil d’État persiste
Le conseiller d’État PS Thierry Apothéloz clôt le débat. Il rappelle que le Conseil d’État est divisé sur le sujet. Le gouvernement préférerait un contreprojet limitant l’effort de solidarité demandé à cinq ans, contre dix. «Des recettes fiscales nouvelles pourraient nous aider, notamment face aux hausses des coûts de la santé et du vieillissement, D’autant que votre parlement n’avance pas sur la réévaluation de la valeur fiscale des immeubles.» Au final, le texte est refusé par la majorité.
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