SolutionComment lutter contre le harcèlement au travail
Une association genevoise accompagne les victimes de discrimination et propose des pistes concrètes pour leur venir en aide.

Qui ne rêve pas de travailler au sein d’une entreprise dans laquelle chacun est respecté? Dans laquelle tout le monde est écouté, considéré? Dans laquelle l’ambiance de travail est stimulante?
Cet idéal est celui que promeut Rezalliance, contraction de «résilience» et «alliance». Lancée en 2020, en plein Covid, cette association genevoise propose des solutions concrètes pour répondre aux problèmes de harcèlement et de discrimination dans le monde professionnel.
S’adresser aux employés…
La mission principale est de parer au plus urgent en aidant les employés victimes de ces dysfonctionnements. Un suivi individuel leur est proposé: de l’écoute et de l’orientation, d’abord, afin de comprendre la situation et l’évaluer correctement. Ensuite, un soutien psychologique puis du coaching, pour les aider à rebondir. Des conseils juridiques et des avocats sont également à disposition, le tout à la carte, en fonction des besoins et des profils.
Le principe est simple: mettre les personnes en souffrance et fragilisées en lien avec des personnes compétentes, expertes dans leur domaine, sensibilisées aux thématiques de mobbing, de harcèlement sexuel et de discrimination.
«Tout le monde peut être concerné, et ce n’est pas une marque de faiblesse, il ne faut pas avoir honte, insiste Joëlle Payom, fondatrice et présidente du réseau. Quand je donne des conférences, je prends comme exemple l’«âgisme», le fait d’être discriminé à cause de son âge, qui parle à tout le monde. Après 50 ans, on est subtilement poussé vers la sortie car considéré comme moins alerte, moins agile, et qu’on coûte trop cher.»
… et aux employeurs
Parallèlement à ce soutien, Rezalliance s’adresse aux entreprises. De la sensibilisation aux enquêtes internes, en passant par une aide au recrutement, ses services de consulting visent à gérer et prévenir les risques. «Notre vision n’est pas manichéenne, poursuit Joëlle Payom. Il faut toujours écouter toutes les parties avec empathie. J’explique également aux employeurs qu’il ne faut pas confondre responsabilité et culpabilité. Quand il y a des dysfonctionnements, les entreprises ont le devoir de préserver l’intégrité de leurs employés. Il est primordial qu’ils sortent du déni et reconnaissent que tout n’est pas sous leur contrôle. Prendre les mesures adéquates, c’est se montrer responsable.»
Comme souvent, cela passe par la parole, par la pédagogie. «Nous avons tous hérité de biais inconscients. Si personne ne nous les explique», on ne s’en rend pas compte, glisse la responsable, avant d’ajouter: «Nous avons aussi tous un ego, dont découlent la peur, la jalousie, les complexes de supériorité ou d’infériorité… ces deux éléments expliquent la plupart des situations problématiques.»
Éviter des drames humains
Aux fondements de l’association, on trouve une conviction profonde: «Il faut éviter des drames humains.» La présidente de Rezalliance sait de quoi elle parle. Cette ancienne responsable des achats pour de grands groupes a vécu sept ans de harcèlement insidieux dans une multinationale, mêlant sexisme et racisme, qui l’ont menée à la dépression. Mais également à un procès.
C’est donc de sa propre expérience qu’elle a tiré les grandes lignes de l’association. Il faut dire qu’elle aime comprendre, qu’elle est devenue son propre cas d’étude, s’est beaucoup renseignée, a su s’entourer. «Hyperactive», elle a aussi de la peine à rester en place. «Au début de la pandémie, je me suis rendue à l’évidence: tout ce que j’avais mobilisé pour moi, il fallait que j’en fasse profiter les autres.» C’est dans cette même logique qu’elle participera jeudi à la table ronde «Racisme à l’école et au travail: quels sont les enjeux actuels et les réponses apportées?» organisée par la Ville de Genève dans le cadre de la Semaine contre le racisme.
Retrouver l’association Rezalliance sur internet. Table-ronde «Racisme à l’école et au travail: quels sont les enjeux actuels et les réponses apportées?» organisée par la Ville de Genève, jeudi 24 mars de 16h15 à 17h45, Université de Genève, Uni-Mail, salle MR380.
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