Comment la police gère 4000 disparitions par an
Le nombre d'annonces à la police vaudoise de personnes introuvables croît d'année en année. La diffusion d'avis de recherche dans les médias n'est que la pointe de l'iceberg.

«Le jeune Alexandre, âgé de 16 ans, est rentré de lui-même à son domicile ce matin.» «M. Claude Troyon, âgé de 67 ans, domicilié à 1166 Perroy, a été retrouvé vivant à son domicile ce jour le 3 mai 2016. Il l'avait quitté à bord de sa voiture sans donner de nouvelles le mardi 26 avril 2016.» Ces deux communiqués que l'on trouve en ligne sur le site de la police cantonale vaudoise, entre autres de la même teneur, sont plutôt rassurants. Tout est bien qui finit bien, semble-t-il, pour ces personnes publiquement signalées disparues quelques jours auparavant.
Mercredi après-midi, l'inquiétude demeurait cependant quant au sort de Mme Erna Martinet, âgée de 70 ans, pour laquelle la police continue d'afficher sur son site et sa page Facebook: «Elle a quitté son domicile de Saint-Légier au volant de son véhicule Mazda 2 gris immatriculé VD 146 058, dans une direction inconnue. Ses proches n'ont plus de nouvelles depuis le 17 décembre. Les recherches entreprises par la police n'ont toujours pas permis de la retrouver. Mme Erna Martinet est psychologiquement fragile.» Rares sont heureusement les cas comme celui-ci. On retrouve le plus souvent les personnes en bonne santé. Même si c'est parfois longtemps après.
L'appel à la population par la diffusion publique d'un avis de disparition représente la phase ultime de la procédure de recherche. Ces communications aux médias, au nombre de quelques dizaines par année, ne sont en effet qu'une infime partie de l'avalanche d'annonces de disparition enregistrées par la police dans le canton. Il y en a eu 4244 en 2016, soit environ 400 de plus que l'année précédente, 800 de plus qu'en 2014.
«Nous faisons la distinction entre les fuites et les disparitions proprement dites», explique Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale. Quelle différence? «Dans 90% des cas, il s'agit de fuites, essentiellement de fugues, de personnes qui quittent sans le dire un établissement auquel elles sont assignées, par exemple pour des soins, une prise en charge de mineurs ou un foyer pour adolescents. S'il y en a autant, c'est parce que les institutions ont l'obligation d'annoncer, et l'adolescent qui se sauve chaque soir, ça fait chaque fois une coche.»
Le droit de disparaître
Les disparitions déclarées par les proches, les voisins ou les employeurs qui s'inquiètent font systématiquement l'objet d'une investigation policière. «Pour autant, on ne va pas alerter chaque fois la terre entière», prévient Jean-Christophe Sauterel. Il rappelle qu'en Suisse une personne majeure saine de corps et d'esprit a parfaitement le droit de disposer d'elle-même, de décider de disparaître, même si elle est mariée et a des enfants. Les investigations seront donc menées en fonction des circonstances.
Alors, si le cas semble effectivement inquiétant, le signalement est diffusé à toutes les patrouilles, ainsi qu'aux gardes-frontière et aux cantons voisins, voire à l'échelle nationale. En cas de contrôle sur la voie publique par exemple, l'agent saura que l'individu en question est signalé disparu. «Si cette personne a les moyens de subvenir à ses besoins, le policier lui dira que ses proches s'inquiètent, qu'il serait bien qu'elle prenne contact avec eux, mais il ne pourra pas la contraindre à le faire. Si l'intéressé refuse, nous contacterons nous-mêmes ses proches. Nous leur dirons que nous avons eu des nouvelles, qu'il ne veut pas entrer en contact avec eux. Nous limiterons le nombre de renseignements que nous leur fournirons.» Ce genre de disparition n'aura pas forcément fait l'objet d'un avis public.
«Pour émettre un avis public de recherche, il faut clairement qu'existe un risque pour l'intégrité physique, psychique ou sexuelle de la personne», insiste la police. «Ce n'est pas un droit qu'auraient les familles. C'est une décision que nous prenons après mûre réflexion. Mais si on vient nous dire à 9 heures du soir qu'une personne âgée avec des problèmes de santé a disparu, l'avis est aussitôt publié. Même chose s'il s'agit d'un enfant, d'un handicapé ou de quelqu'un manifestement fragilisé psychologiquement. Il arrive que la personne soit retrouvée le jour même où l'avis est publié.»
Il demeure que dans les cas les plus préoccupants, la police peut lancer une localisation par le téléphone portable de la personne si elle en a un. Cela avec l'accord des proches, car ce genre d'investigation technique coûte plusieurs centaines de francs et ce sera à eux de l'assumer. A noter que les personnes âgées ne sont l'objet que d'une toute petite partie des annonces de disparition, notamment parce qu'elles sont souvent peu mobiles.
Généralement, ça finit bien
Parfois, c'est la personne disparue qui, plusieurs mois après, compose le numéro indiqué sur l'avis afin de donner de ses nouvelles: «Cela s'est par exemple produit avec quelqu'un qui était parti seul dans le sud de la France.» La police déclare ne pas tenir de statistique quantifiant l'utilité de la publication d'un avis de recherche. Bien sûr, les gens à l'origine de l'annonce sont tenus d'informer lorsque le «disparu» réapparaît.
Sur les 315 disparitions «dures» enregistrées l'an dernier, dont 153 concernaient des mineurs, 285 personnes ont été retrouvées au 31 décembre. La plus grande partie d'entre elles – pas forcément dépressives – saines et sauves. Treize cas ont connu une issue fatale. Et de toutes les fuites ou fugues enregistrées, seules deux se sont résolues par le décès de la personne recherchée.
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