Le changement climatique aura un impact important sur la santé publique, via entre autres l’émergence d’épidémies infectieuses et l’aggravation des maladies chroniques. Mais le secteur de la santé, tous domaines confondus, en étant responsable de 4 .6 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Lancet 2022), a aussi un impact direct sur le changement climatique. Cet impact demande en premier lieu d’instaurer un bilan «carbone» régulier de toutes les structures de soins (cabinets, groupes médicaux, cliniques, hôpitaux etc.. pour optimiser la consommation en énergie comme cela a déjà débuté dans des grands groupes hospitaliers (HUG, CHUV).
Tout acte thérapeutique devrait également être analysé sur le plan environnemental, et à incidence égale sur la qualité des soins, l’acte ayant le moindre impact devrait être favorisé. Mais, dans un rapport de 2021 du contrôle fédéral des finances, confirmé par l’Office fédéral de la santé publique, 20 % des actes médicaux étaient estimés inutiles. Donc comment réduire ce nombre d’actes jugés peu pertinents, sinon par une action de tous les partenaires impliqués (prestataires de soins, patients, organismes payeurs et décideurs politiques)?
Au niveau des prestataires de santé, les recommandations de bonnes pratiques type «smarter medicine» qui pointent les actes inutiles en médecine devraient être diffusées bien plus largement chez les médecins et autres soignants, tant dans les structures hospitalières qu’ambulatoires, afin d’avoir une pratique de soins basée sur des évidences scientifiques.
Concernant les prestations de santé ambulatoires, le remboursement à l’acte et une rémunération trop faible des prestations non techniques n’est pas de nature à diminuer la masse des actes techniques. Un nouveau système de financement est nécessaire mais qui devra également tenir compte de la pénurie à venir de soignants, en rémunérant mieux le temps passé par ceux-ci auprès des patients, pour rendre ces professions plus attractives.
Quant aux décideurs politiques, deux axes portant sur la prévention d’une bonne santé doivent être amplifiés. Favoriser un aménagement du territoire donnant une priorité claire à la mobilité douce et qui évite autant que possible les îlots de chaleur en ville. Développer les connaissances en santé de la population pour lui faire saisir l’importance d’un style de vie sain qui diminuerait la tendance actuelle à la sédentarité et à une alimentation inadéquate, principaux facteurs menant à l’obésité et aux développement de maladies chroniques.
Le budget du prochain plan cantonal promotion et prévention santé devrait donc être augmenté pour amplifier la diffusion de ces messages de prévention chez les enfants et les populations à risque (jeunes, immigrés, bas revenus, personnes âgées), via le réseau scolaire et un soutien accru à une bonne presse de vulgarisation médicale avec éventuellement des éditions en langues étrangères (kosovar, portugais, etc…).
Finalement, une augmentation de ces connaissances en santé permettrait aux patients, dans un partenariat renforcé avec les soignants, de mieux comprendre les soins qui leur sont proposés et d’éviter les investigations inutiles. Les associations de malades chroniques devraient également être plus impliquées pour améliorer l’éducation thérapeutique destinée aux malades.
Seul un effort conjugué de tous ces acteurs permettra de diminuer l’impact du système de santé sur le changement climatique.
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L’invité – Comment diminuer l’impact du système de santé sur le changement climatique