Christophe Graf,le jeune médecin qui aimait les vieux
Le plus jeune chef de service des HUG veut redynamiser la gériatrie, une discipline d'avenir

Son parcours est peu commun. Alors qu'il avait 41 ans, Christophe Graf est devenu en juin 2016 le plus jeune des médecins-chefs de service des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Contrairement à nombre de ses condisciples, il a choisi de s'occuper des personnes âgées, auxquelles il se consacre avec la dernière énergie. Autre particularité: il a voulu revenir dans le service public après avoir travaillé plusieurs années dans le secteur privé.
Cette bifurcation n'est pas la première: le gériatre avait d'abord entamé des études dentaires. Trouvant le cursus «insupportablement ennuyeux», ce fils de pharmaciens genevois bifurque vers la médecine, qui lui ouvre des horizons plus larges et lui donne «l'impression d'aider les gens. Cela a un côté valorisant», dit-il en riant.
Le jeune quadragénaire, qui se qualifie de «passionné, un brin expansif», transmet son enthousiasme: «Je prends mon pied. J'aime bien les gens, leurs histoires de vie.» Quand nombre de ses confrères boudent la gériatrie, elle l'attire. «C'est une spécialité qui ajoute de la complexité. À 85 ans, un patient n'entre pas dans la même case qu'un homme «standard» de 50 ans.» En soignant des personnes âgées, «il faut toujours se demander si ce que l'on fait a un sens. Éviter un accident cardiaque dans les dix prochaines années n'en a sans doute pas. En revanche, éviter une fracture de jambe dans la semaine qui vient est important.»
Favoriser le maintien à domicile
Aider les aînés à conserver leur autonomie le plus longtemps possible lui tient à cœur. Responsable du Service de réadaptation médicale, Christophe Graf défend ardemment le maintien à domicile. «Neuf fois sur dix, le patient préfère rester chez lui et cela coûte moins cher à la société. Médicalement, rester chez soi oblige à bouger, à se maintenir en forme et à s'alimenter correctement. Une fois en EMS, l'autonomie et le niveau cognitif diminuent plus vite.» Le médecin connaît le sujet: il a été le directeur médical d'un EMS du canton de Vaud pendant cinq ans. Cette expérience lui a fait découvrir un dispositif de santé «très orienté sur la personne âgée et le maintien à domicile. Pour certains, le système vaudois est dictatorial. Moi, je suis un grand fan de Pierre-Yves Maillard. Le système genevois s'en rapproche et c'est une bonne chose.» À la tête de l'Hôpital de Loëx et des lits de réadaptation de l'Hôpital de Bellerive, Christophe Graf a reçu la mission, complexe, de débarrasser ces lieux de l'image négative qui leur colle à la peau. Il aimerait créer des filières universitaires spécialisées en fonction des besoins spécifiques des patients (lire l'encadré ci-dessous). Avec un objectif: que les personnes âgées puissent, comme elles le désirent, «vivre le mieux possible, se promener, sortir avec leur famille. Même lorsqu'elles habitent dans un EMS.»
6 patients sur 10 rentrent chez eux
Comment y arriver? Selon lui, les services de réadaptation doivent améliorer la qualité des soins. En standardisant la prise en charge, en se fixant des buts précis et en mesurant les progrès accomplis.
«Il faut se fixer des objectifs thérapeutiques – comme se remettre à marcher ou mieux coordonner ses mouvements – et les mesurer chaque semaine. Si l'on ne mesure rien, on n'a pas d'argument à opposer aux assurances», relève le gériatre.
C'est un vrai défi: l'équipe de Christophe Graf se bat «tous les jours» pour prolonger les durées de séjour lorsque les patients progressent et que le potentiel est là. «Mais nous jouons le jeu. Si le patient n'a plus de raison d'être en réadaptation, le traitement s'arrête. Nous devons montrer l'utilité de ce que nous faisons: 60% de nos patients rentrent à domicile. Sans cela, les assurances peuvent refuser de rembourser la réadaptation.»
À l'entendre, les objectifs médicaux et économiques peuvent se rejoindre. «Si l'on va trop vite, on ne travaille pas bien. Il faut respecter la tolérance des patients aux différentes thérapies. Et pourtant, en un an, la durée de séjour a diminué de 39 à 32 jours.»
«Bonjour! Moi, c'est Christophe»
Malgré les efforts, les patients âgés ont parfois du mal à bénéficier des thérapies. N'est-il pas démoralisant de se heurter aux limites du grand âge? «Accompagner une personne en fin de vie peut être aussi valorisant que de guérir quelqu'un», répond le médecin, qui aime le lien «plus authentique» noué avec les aînés. On perçoit la tendresse qu'ils lui inspirent. «L'autre jour, je me présente à une dame en lui disant: «Moi, c'est Christophe.» Elle me répond, du tac au tac: «Moi, c'est Suzette.» Comment ne pas craquer?»
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