En matière de rebondissement, il aurait été difficile de faire mieux. Il y a un mois encore, Isabel Garcia arpentait les rues de Zurich pour convaincre la population zurichoise de lui faire confiance à elle et son parti, les Vert’libéraux. Mission réussie, puisque le 12 février, elle a été réélue au parlement cantonal.
Le rebondissement? Dix petits jours après son élection, la politicienne a annoncé qu’elle s’encartait au PLR. Abasourdi, le parti qu’elle a rejoint il y plus de dix ans et qui l’avait placée en tête de liste n’a plus que ses yeux pour pleurer. Les libéraux-radicaux, eux, lui ont déroulé le tapis rouge.
«C’est peu dire que sa défection a suscité une tempête politico-médiatique.»
C’est peu dire que sa défection a suscité une tempête politico-médiatique. Car en changeant de chemise partisane, Isabel Garcia n’a pas seulement fait perdre un siège aux Vert’libéraux – deux mêmes, puisqu’elle est également élue au parlement de la Ville. Elle a aussi fait basculer le rapport de force au Grand Conseil. L’alliance climatique – coalition de centre gauche réunissant notamment le PS, les Verts et les Vert’libéraux – était parvenue à maintenir d’un cheveu sa majorité. Celle-ci s’envole au profit du camp bourgeois.
Critiques et pétition
Sur les réseaux sociaux et à gauche, les critiques ont fusé contre la nouvelle recrue PLR, accusée d’avoir trompé les électeurs. Une pétition en ligne réclamant sa démission a récolté plus de 3500 signatures. Les Vert’libéraux, en revanche, se sont gardés de l’accabler. Le parti se souvient peut-être qu’il y a quelques années, c’est lui qui avait accueilli à bras ouverts une députée socialiste deux mois seulement après son élection.
Pour se justifier, Isabel Garcia affirme ne plus se reconnaître dans le positionnement économique et financier de son ancien parti. L’argument est tout à fait audible. Mais quand elle dit être arrivée à cette conclusion quelques jours après l’élection, le doute se fait lancinant. Elle ne peut pas ignorer que lors d’élections parlementaires, c’est avant tout un parti que choisit la population, pas une personne.
Si le flou demeure sur le choix du timing, le cadre juridique est clair. Changer de parti peu après le scrutin, c’est légal, a jugé le Tribunal fédéral en 2008. Élue pour le PDC, une députée saint-galloise avait rejoint l’UDC. La démarche peut paraître «discutable», mais elle ne viole pas la Constitution, a estimé la Cour. Un parlement peut toutefois se montrer plus sévère.
Faut-il encadrer les changements subits d’étiquette après une élection? Le débat est lancé à la faveur d’une motion de l’UDF. Celle-ci demande que le siège d’un transfuge reste entre les mains de son ancien parti si le revirement survient avant le début de la législature. La proposition n’est pas extravagante. Mais au vu des premières réactions, elle semble avoir peu de chance. Les perdants du jour espèrent peut-être que la prochaine fois, ce sont eux qui bénéficieront d’une défection. À ce jeu-là, il n’y aurait qu’un seul vrai perdant: la crédibilité du système politique.
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La rédaction – Changer de parti comme de chemise, c’est légal
À Zurich, une candidate Vert’libérale rejoint le PLR juste après son élection au parlement cantonal. La pratique est autorisée, mais difficilement défendable.