À quoi bon cette nouvelle fuite de données? C’est la question qu’on peut se poser face aux «Pandora Papers», une fuite de quelque 11,9 millions de documents financiers que nous révélons avec nos partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Cinq ans après les «Panama Papers», ces données montrent que certains fondamentaux n’ont pas changé. Les grandes fortunes de ce monde dissimulent toujours des patrimoines considérables grâce aux sociétés écrans créées dans les paradis fiscaux.
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Mais les «Pandora Papers» mettent le doigt sur une vérité plus dérangeante. Les données font apparaître des centaines de politiciens, dont des chefs d’État et de gouvernement en exercice. Certains sont des populistes qui ont juré de combattre la corruption dans leur pays, tout en cachant, dans une parfaite hypocrisie, des millions à l’étranger. La source de leurs fonds, abrités par ces poupées russes que sont les sociétés offshore, est souvent impossible à identifier.
«Les avocats et fiduciaires suisses peuvent servir sans grands risques des clients politiquement exposés ou, dans certains cas, carrément criminels.»
En tant que centre financier majeur, la Suisse est au cœur de ces révélations. Sur les 20’000 sociétés offshore d’un grossiste des Caraïbes, un tiers était géré par des conseillers, avocats ou fiduciaires suisses. Grâce à une lacune de la loi sur le blanchiment d’argent, ces professionnels peuvent servir sans grands risques des clients politiquement exposés ou, dans certains cas, carrément criminels.
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Cette réalité cachée ne se dévoile pas facilement. Les fuites de données comme les «Pandora Papers» restent l’un des seuls moyens de comprendre ce qui se trame derrière les écrans de fumée de l’univers offshore. Une transparence au forceps, qui permet aux citoyens du monde entier de vérifier dans quelle mesure les affaires privées de leurs dirigeants correspondent aux discours qu’ils prononcent en public.
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«Pandora Papers» – Cette transparence au forceps reste indispensable
Les fuites de données massives sont l’un des seuls outils de contrôle démocratique sur les secrets financiers des puissants.