Après l’annonce de la possible construction de nouveaux réacteurs nucléaires au Bugey, Genève est confronté à une question difficile. Comment faire entendre ses inquiétudes à Paris? Après Tchernobyl et Fukushima, la menace d’un accident grave s’est rappelée aux opinions et gouvernements. L’Allemagne s’est ainsi décidée à renoncer au nucléaire. La France n’en prend pas le chemin. Une des premières annonces du président Emmanuel Macron, pas encore candidat, a été sa volonté d’agrandir le parc nucléaire français, avec des microcentrales et au moins trois paires d’EPR dans trois régions. En Auvergne-Rhône-Alpes, ce sera le site du Bugey, à 70 km de Genève ou celui du Tricastin.
Dans la précampagne, tous les candidats des Républicains (LR) ont, eux aussi, pris position en faveur d’une relance du programme nucléaire français. Xavier Bertrand, lors des débats de la primaire LR, en a même fait une priorité. La droite, qui compte nombre d’élus ruraux, est par ailleurs hostile aux éoliennes, qui selon elle abîment les paysages. Dans le débat du moment, le thème de la souveraineté, y compris énergétique, a pris les premières places.
Le nucléaire est un trésor national en France. Cette filière compte quelques-uns des fleurons de l’industrie tricolore, comme Framatome, la filiale d’EDF, ou Alstom. Même si l’EPR de Flamanville se révèle être un gouffre financier. La crise du réchauffement climatique a aussi redonné des couleurs à cette énergie peu émettrice de CO2. Seuls les écologistes et une partie des socialistes français prévoient un plan de sortie du nucléaire à plus ou moins moyen terme.
Jusqu’ici, Genève, un peu loin de Berne, n’a pas réussi à se faire entendre. Reste à espérer que Lyon, aux mains des Verts, nous aide. Ou que Paris choisisse Tricastin plutôt que le Bugey.
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L’éditorial – Cette France voisine nucléaire