Godard par GodardCes petites phrases assassines dont son génie vivait
Jean-Luc Godard maniait l’éloquence comme une arme de destruction massive. La preuve lors des innombrables conférences de presse données en festival.

De son vivant, Jean-Luc Godard n’avait pas manqué d’écrire son épitaphe: «Jean-Luc Godard, au contraire». Et quelques autres aphorismes et pensées qui resteront, glanés en conférence de presse lors de multiples festivals cannois.
Sur la misère
«On ne peut pas faire un film sur la misère et avoir du succès. Ça arrive une fois avec «Le voleur de bicyclette» de Vittorio de Sica. C’est la récompense de tous ces genres de film. Après, on ne peut pas…»
«Heureusement qu’il y a des riches, en tout cas dans le cinéma. Parce que cela donne la chance aux pauvres de rester pauvres. Il y a encore plus d’idées pour s’en sortir, car quand on est trop riche, on s’ennuie un peu. On fait alors des festivals.»
Sur la culture
«J’ai cru que j’étais quelqu’un de cultivé parce que je lisais Dostoïevski. Mais Dostoïevski est un sauvage, et si je l’aime, je suis un sauvage. Le cinéma, Rembrandt ou Stendhal ne sont pas de la culture. Celui qui fait de la culture, c’est Hachette. La culture, c’est comme l’agriculture: c’est ce qui est diffusable et mangeable.»
Sur sa vocation
«Elle me vient peut-être de mon père, qui était médecin. J’ai toujours pensé que le cinéma était quelque chose qui pouvait permettre sinon de guérir, de voir des maladies. De voir la santé aussi, mais la santé, c’est comme le bonheur, pas besoin d’en parler.»
Sur son héritage
«Je m’aperçois que les gens ont des rapports avec moi que je ne m’explique pas et que je ferais peut-être bien d’un peu m’expliquer. Un rapport de père? Drôle… on m’appelle encore «l’enfant terrible de la Nouvelle Vague.»

Sur la création
«Picasso affirmait que s’il était en prison, il peindrait avec sa merde. Et bien, je pense que dans le cinéma, il y a des moments où il faut faire des choses comme ça… tout inventer.»
Sur l’entartrage
«Moi qui fais 300’000 entrées sur toute la France, pourquoi on me tarte la figure? Et pourquoi il y a à ce moment-là mille flashes pour fixer la scène? Le Festival de Cannes n’existe pas et il n’existe que dix films au monde!»
Sur ses alliances avec Canal+
«Quand Canal+ touche 2 millions de spectateurs, c’est un énorme succès. Moi, quand je remplis une salle à 15%, c’est un échec total. J’ai pensé, allons vers ces gens qui trouvent que 15%, c’est un énorme succès. Je leur ai dit: «Je ne suis pas con, vous êtes brillants. N’avez-vous pas envie d’engager une Cassandre pour un an avec le salaire que vous donnez par mois à Christine Ockrent?»
Sur le rapport entre télévision et cinéma
«Sur les timbres, on dessine aussi bien un Picasso qu’une locomotive. La télévision est un timbre-poste bien conçu. Le cinéma est le contenu de la lettre. Il y a des moments où il peut y avoir un gros timbre et une lettre où il y a juste marqué «je t’aime». Il faut avoir les deux. Il faut affranchir, comme on dit.»
«Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse.»
«Il y a le visible et l’invisible Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites.»
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