Ventes aux enchèresCe triptyque de Cranach l’Ancien qui mène les ventes Koller
La maison zurichoise organise ses enchères consacrées aux maîtres anciens le vendredi 31 mars. Avis aux amateurs.

L’Annonciation. Un thème parmi les plus répandus de l’art chrétien. En particulier pendant la Renaissance. Pour Lucas Cranach l’Ancien, en revanche, la chose n’est pas courante. C’est une des raisons qui font de ce triptyque, aux couleurs très bien conservées, une rareté. Mais il s’agit aussi de l’un des derniers retables allemands de la Renaissance à être mis à l’encan.
Vendu pour la dernière fois à Berne en 1972, puis resté caché durant des décennies au sein d’une collection privée suisse, il fut récemment redécouvert par les spécialistes de Koller à Zurich. Il passera sous le marteau le vendredi 31 mars, dans le cadre de la section Maîtres anciens. Estimation: de 800’000 à 1’200’000 francs.
Produite par le maître et son atelier, l’œuvre date de 1515 environ. Lucas Cranach l’Ancien avait dans la quarantaine. Il vit alors à Wittenberg où il est au service de l’électeur Frédéric III de Saxe depuis une dizaine d’années. Ce statut de peintre de la cour, il le conservera après l’installation des successeurs, Jean l’Inébranlable et Jean Frédéric le Magnanime.
Jeu de cache-cache
C’est à cette époque que l’artiste fonde son atelier, qui s’avérera florissant, et développe une amitié profonde avec Martin Luther. L’image de ce dernier en tant que représentant de la réforme de la foi sera largement influencée par Cranach et ses portraits novateurs.
Créé pour un usage liturgique et conçu pour rester fermé la plupart du temps, ce triptyque peint sur panneau de bois montre alors le Christ en Homme de douleurs et Marie en Mère de douleurs. Ce n’est qu’à l’occasion de certaines fêtes que l’on ouvrait l’œuvre, laissant ainsi apparaître la fameuse scène de l’Annonciation en son centre où l’archange Gabriel révèle à Marie qu’elle porte le fils de Dieu.

À leur gauche, on trouve Sainte-Catherine dotée de ses attributs. À savoir, l’épée et la roue aux pointes acérées avec laquelle elle devait être torturée, par ordre de l’empereur Maximilien. Elle avait refusé son offre de mariage… À droite, se dresse la jolie Sainte-Barbe. Elle tient un ciboire et pose devant la tour où elle vécut recluse durant neuf ans. Son père voulait ainsi la protéger des soupirants. Toutes deux ont fini décapitées par leurs tortionnaires.
Ode à la sensualité

L’œuvre de Cranach n’est toutefois pas le seul point fort de la vente Koller. On retiendra également cette importante nature morte de l’âge d’or des Pays-Bas, signée Willem Claez. Heda (400’000 – 600’000 francs), ainsi que cette très belle «Allégorie des cinq sens» de l’artiste flamand Jan Cossiers, datant de 1640 environ (même estimation).
Très populaire dans l’art allemand des XVIe et XVIIe siècles, ce thème met l’accent sur les connaissances que l’on peut acquérir par l’expérience sensorielle. Une vision autrement plus positive que celle en cours durant le Moyen Âge, où le fait de succomber aux sens était perçu comme un vice. Comme quoi, tout est une question de point de vue…

Ventes en salle Koller du 29 au 31 mars à Zurich. Exposition jusqu’au 17 mars à Genève. Du 24 au 28 mars à Zurich. www.kollerauctions.com
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