«Ce qu'il s'est passé à Gênes ne devrait pas arriver à Chillon»
Le viaduc de Chillon a été construit à la même époque que celui de Gênes qui s'est effondré ce mardi.

Comme le viaduc de Chillon, celui de Polcevera, (dit pont Morandi), qui s'est effondré, culminait à une cinquantaine de mètres. Tous deux ont été inaugurés à la fin des années 60. Mais les techniques de construction diffèrent: l'italien se dressait grâce à un système de haubans, où chaque câble porte une partie du pont. Le viaduc de Chillon tient grâce à des voussoirs: des blocs préfabriqués plaqués les uns aux autres par des câbles, coulés dans le béton. L'un des systèmes risque-t-il davantage de s'effondrer? «Théoriquement, les sécurités sont les mêmes. En pratique, comme pour les êtres humains, certains sont plus robustes, dit Eugen Brühwiler, professeur au Laboratoire de maintenance, construction et sécurité des ouvrages de l'EPFL. Les câbles génois sont peut-être plus vulnérables que le système de Chillon. En cas de souci, il faut alors intervenir plus rapidement.»
Une catastrophe pourrait-elle se produire à Chillon? Négatif, selon les spécialistes. «Même si le risque zéro n'existe pas, les travaux d'entretien sont réalisés et, en Suisse, nous en avons les moyens», souligne Jacques Perret, ingénieur civil. «Ce qui s'est passé à Gênes ne devrait pas arriver à Chillon», renchérit Eugen Brühwiler, aussi l'un des auteurs du projet de renforcement du viaduc en 2014-2015. L'ouvrage souffrait de «cancer du béton» (la RAG, une réaction chimique qui fait s'effriter les cailloux qui le composent). Ainsi rendu poreux, l'humidité et le sel s'y infiltrant risquaient d'endommager les armatures métalliques du béton armé. «Ces phénomènes s'accentuent les uns les autres», explique Jacques Perret. Le béton malade a été en partie raclé et la dalle renforcée grâce à 4 cm d'un nouveau matériau, le BFUP (béton fibré ultraperformant), sous l'enrobé bitumineux. Hormis des travaux pour coller aux normes antisismiques, pourquoi n'avoir pas appliqué ce BFUP aussi aux piliers? «Nous n'y avons pas constaté les mêmes dégâts. Avec cette nouvelle technologie, les piles du viaduc ont même acquis des réserves de portance car la charge en surface a été réduite.»
Jacques Perret rappelle que des travaux de sécurisation avaient déjà été effectués en 1996 (des câbles tirés sous la dalle de roulement pour corriger la déformation permanente – fluage – du béton).
Enfin, le monitoring est permanent à Chillon. «Si nous constations des valeurs anormales, la Confédération serait avertie immédiatement.»
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