Il y a moins d’un an, en juillet 2021, le Festival tentait de s’adapter à cette pandémie qui a conduit toutes les manifestations du monde à se redéfinir. Après une année de disette, la Croisette ressortait le tapis rouge sous une chaleur caniculaire pendant que le sous-sol du Palais, qui d’ordinaire accueille le Marché du film, était presque désert. L’ambiance était curieuse, mélange de joyeuseté et d’hostilité. On se faisait gronder si on portait le masque de travers, on devait parlementer pour accéder aux salles, notre passeport sanitaire n’étant pas encore validé par la Commission européenne, mais les billetteries étaient accessibles. La foule recommençait à affluer et le festivalier à dévorer les films avec une frénésie que rien ne freine.
Avec le recul, on se dit peut-être qu’il s’agissait d’une année charnière. Et qu’en 2022, le plus grand rendez-vous cinématographique du monde va encore arborer un nouveau visage. Celui de l’après-pandémie - et comme par hasard, toutes les mesures sanitaires ont été levées en France le 16 mai, soit la veille du Festival -, mais aussi celui du numérique. Car plus rien n’y échappe: les films, la billetterie, mais aussi la documentation, désormais entièrement dématérialisée. Est-ce forcément un bien pour l’environnement? Non, mais cela est un tout autre problème.
En attendant, Cannes va donc se familiariser avec ce monde d’après (après la pandémie, après le matériel) tout en restant fidèle à une ligne qui brasse souvent large, entre glamour et intellectualisme, faisant se rejoindre des pôles antinomiques que le cinéma parvient toujours à unir au-delà des clivages et des apparences. À première vue, et même s’il tourne délibérément le dos aux plateformes, le Festival continue d’assumer cette modernité qui l’a rendu si flamboyant. On est prêt à parier que l’édition 2022 va une fois de plus le confirmer.
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L’éditorial – Cannes pendant et après la pandémie