ÉditorialCancer: un tsunami nous attend
Grâce aux progrès des traitements, on vit plus longtemps avec ou après la maladie. Mais la société n’a pas encore pris la mesure de cette nouvelle réalité.
Face au cancer, l’espoir est aujourd’hui autorisé. Ces dernières années, grâce à une meilleure compréhension de la biologie, les progrès de la médecine ont été spectaculaires. Les médecins disposent aujourd’hui d’un arsenal de près de 400 traitements pour lutter contre la maladie.
La prise en charge des patients s’est affinée. Des centres spécialisés se sont constitués pour chaque organe. Désormais, des équipes multidisciplinaires se réunissent pour décider, au cas par cas, de la meilleure stratégie à adopter. On s’achemine de plus en plus vers des traitements individualisés. De quoi penser que le crabe est proche d’être vaincu? Hélas, non.
Certes, l’espérance de vie a doublé en vingt ans. Mais si les tumeurs du sein, du côlon, de la peau ou de la prostate se soignent bien mieux, d’autres restent assorties d’un pronostic plutôt sombre. Et lorsque les patients survivent, un autre combat les attend: leur réinsertion dans la société. Comment retrouver un emploi et renouer avec une vie active lorsqu’on est fragilisé et que l’on craint une récidive, dans une société rythmée par le culte de la performance?
Dans treize ans, c’est-à-dire demain, un demi-million de personnes vivront avec un cancer en Suisse. Le professeur Pierre-Yves Dietrich tire la sonnette d’alarme. Selon lui, nous n’avons pas du tout pris la mesure du tsunami qui nous attend.
Pour être prêts, il faudrait mesurer ce qui nous attend. Combien de médecins, d’infirmiers et d’aides-soignants devons-nous former? Comment assurer la formation continue dans un domaine complexe qui évolue constamment? Est-ce le bon moment de geler l’ouverture de cabinets médicaux alors que la population vieillit (avec ou sans cancer)? Le politique ne devrait pas éluder ces questions, sur le plan fédéral comme à l’échelon cantonal.
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