Cambriolages, braquages et vols ont chuté
Genève enregistre une baisse de 11,6% des infractions en un an et fait mieux que la moyenne suisse. La cybercriminalité reste un angle mort.

Les mines sont détendues. La police genevoise a présenté ce lundi une diminution du nombre d'infractions au Code pénal de 11,6% en 2016. Le canton se distingue de la moyenne suisse (–4%) et se place derrière Bâle-Ville. L'annus horribilis de 2011 n'est plus qu'un mauvais souvenir. Les infractions ont depuis chuté de 29%. Et cela grâce au net recul des cambriolages, vols à la tire et braquages.
«La baisse est plus grande à Genève qu'ailleurs, relève la commandante de la police, Monica Bonfanti. La raison principale est liée à une meilleure coordination des moyens genevois et à une intensification des collaborations avec les autres cantons.» Mais pas seulement. «Comme le dispositif policier a été renforcé en été et en fin d'année en raison de la menace terroriste, cela a eu un effet sur la criminalité ordinaire. Les mesures prises en France dans le cadre de l'état d'urgence ont aussi contribué à pacifier la situation genevoise.» Et la hausse de 10% des effectifs de police (1951 collaborateurs) en six ans a certainement aidé.
Cambriolages plus bas qu'en 1985
Dans le détail, voici les éléments marquants de la statistique. «Nous avons connu par le passé une explosion des cambriolages. Nous avons beaucoup travaillé en termes de prévention et de lutte. Le nombre de cas a ainsi baissé de 54% par rapport à 2011», se réjouit Monica Bonfanti. Avec 4535 cambriolages en 2016, le niveau atteint est même plus bas qu'en 1985! Cette victoire genevoise doit toutefois être relativisée. «Nous avons atteint un seuil incompressible», prévient Monica Bonfanti, en précisant que le canton garde «un taux de cambriolages très élevé par rapport à la moyenne suisse».
Autre plaie des Genevois, les vols à la tire ont chuté de 50% par rapport à 2011. L'effet de la Brigade anticriminalité est salué. Le phénomène des multirécidivistes sans papiers difficilement refoulables a disparu des radars. «La politique en matière de Loi sur les étrangers (LEtr) a porté ses fruits sur une certaine population criminogène», relève François Schmutz, chef de la police judiciaire. Ces infractions à la LEtr ont baissé de 21% en 2016.
Les vols dans les véhicules ont quant à eux décliné de 12%. «C'est encore une cible insuffisamment protégée car les gens laissent des objets – smartphones, sacs à main – à la vue de tout le monde», relève la colonelle. Le parc automobile de Genève reste très attractif, avec 309 voitures dérobées l'an passé, même si une baisse de 21% est enregistrée en un an.
Autre grande préoccupation des Genevois: les braquages. Ils marquent les esprits par les cibles visées et leur violence, mais là encore, ils ont fondu de près de 50% en six ans. Comment l'expliquer? «Il y a une plus grande présence de la police dans la rue, avance Monica Bonfanti. Nous avons également saisi plus d'armes et autres objets dangereux.» Ces saisies ont bondi de 300% en un an, en raison d'une seule affaire portant sur des engins pyrotechniques, en cours de procédure. Préoccupant, le nombre d'armes à feu et munitions retirées préventivement (610) a augmenté de 6% et celui des armes blanches (861) de 50%.
Satisfaction aussi en matière de violences domestiques, en recul de 3% sur une année, après une longue période alarmante et déroutante pour les autorités. Dans les milieux clos, les injures arrivent en tête (430), en hausse de 6%, suivies des lésions corporelles simples (399), en baisse de 13%, et des menaces (367), en baisse de 8%.
Les violences regroupant plusieurs types de délits restent contenues entre 3500 et 4000 par an. Les fréquences les plus élevées l'an passé se retrouvent à Bâle-Ville, suivie de Neuchâtel et Genève. Elles englobent notamment les homicides et tentatives (61), qui bondissent de 69%, et sont commis de plus en plus avec une arme à feu ou tranchante. Les menaces augmentent quant à elles de 5,7%. A noter que les plaintes pour diffamation et calomnie (271) prennent l'ascenseur: +30% en un an.
«Baisse du trafic de rue»
En matière de lutte contre les stupéfiants, «il y a une certaine baisse de l'activité du trafic de rue dans les hot spots aux Pâquis et quai du Seujet», affirme François Schmutz. Les petits dealers de cocaïne et de marijuana «tendent à se disperser». Qu'en est-il de l'effet du cannabis légal comprenant moins de 1% de THC? «Nous sommes très empruntés car nous ne disposons pas de moyens techniques pour distinguer le chanvre légal de l'illégal. Des travaux sont en cours pour développer des moyens de test. Pour l'instant, nous saisissons la marchandise, nous dénonçons, et si la personne fait recours, une analyse est réalisée.» Le cas ne s'est pas encore présenté.
Quant au taux d'élucidation des affaires, il progresse mais reste très variable. Pour les atteintes à l'intégrité corporelle, il dépasse 88%, contre 14% pour les infractions au patrimoine.
L'avalanche de chiffres reflète une certaine réalité. La cybercriminalité reste dans un angle mort, les plaintes étant encore rarissimes. «Ce phénomène important va encore prendre de l'ampleur», met en garde François Schmutz. Comme il est difficile de traquer les auteurs, «nous sommes en train d'élaborer des mesures de prévention adaptées à différents types de publics», précise François Waridel, chef d'état-major.
Hausse des manifestations à gérer
Au registre de l'activité policière, les réquisitions, contrôles et arrestations ont diminué. En revanche, la mise à contribution des policiers a progressé de 20% pour gérer des manifestations d'envergure (337). Quant aux comportements des policiers en intervention, il font moins l'objet de procédures pénales. L'usage abusif de la contrainte a diminué de près de 50% en un an.
Si la criminalité ordinaire s'essouffle, la police doit faire face à d'autres défis, liés à la montée de la violence et à la menace terroriste. Des exercices de gestion d'événements majeurs sont prévus. La sécurité de l'aéroport est en phase de révision.
En l'absence ce lundi du conseiller d'Etat chargé de la Sécurité, parti à Bruxelles avec la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, le mot de la fin est revenu à Monica Bonfanti. «Genève reste une ville et un canton où les infractions demeurent particulièrement élevées. Pas question de baisser la garde.»
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