Caisse de prévoyance de l'Etat de Genève: histoire d'une pyramide de Ponzi
Dès l'origine, la CIA (la caisse de retraite des fonctionnaires du Canton de Genève, ancêtre de la CPEG) constitua une bombe à retardement, rendue d'autant plus dangereuse que la loi, au prétexte d'un Etat considéré «pérenne», autorisait les caisses publiques à ne disposer que de la moitié des fonds nécessaires à couvrir toutes les retraites actuelles et futures! Ce qui revenait à admettre que les contribuables genevois recapitaliseraient, chaque fois que cela serait nécessaire, les caisses déficitaires. La deuxième cause du désastre que découvrent par épisodes successifs les Genevois remonte aux années 1970. A l'époque, le Conseil d'Etat avait mis sur pied une commission d'études sur la structure de la CIA. Les seuls véritables spécialistes qui y siégeaient, à savoir les actuaires, avaient refusé de cautionner le système recommandé par cette commission. Ils avaient en effet constaté, au vu des prestations promises, que «la caisse entrerait dans un processus de décapitalisation si un taux de cotisations minimum de 25% n'était pas retenu»*.
Malgré cet avis clair, le taux fixé à l'époque fut… 18%. Au début des années 2000, quelques députés commencèrent à mettre en évidence les risques que faisait peser la CIA sur les finances cantonales.
Si leurs alarmes laissaient les autorités de marbre, ils provoquaient du côté des «défenseurs de la fonction publique» des réactions aussi dédaigneuses qu'insensées. Des présidents successifs de cette caisse en particulier, dont l'un n'hésitait pas à affirmer que «grâce à la garantie de l'Etat, si en 2003 le taux de couverture des engagements de la CIA est de 71,6%, cela signifie qu'elle a des réserves s'élevant à 21,6%». D'un autre qui rétorquait à ceux exigeant la fin de la primauté des prestations en contrepartie d'une recapitalisation des caisses de pension publiques qu'il «est absolument erroné de parler de la nécessité d'un renflouage de la CIA et de la CEH».
A ces appréciations saugrenues de la gauche syndicale et au silence du gouvernement, Marian Stepczynski répliquait en n'hésitant pas à parler, à l'époque, d'une «véritable escroquerie légale». Après des décennies de légèreté et de pseudo-assainissements, en 2013, le Conseil d'Etat fut contraint d'agir par la loi fédérale prévoyant que les caisses publiques devaient désormais tenir un taux de couverture minimum de 80%. Il fit accepter au peuple, avec le soutien du Grand Conseil, la création d'une nouvelle caisse de pension publique, la CPEG, et l'injection en 40 ans de 7 milliards de francs, financés bien sûr par l'impôt.
Mais, comme les précédentes, s'abstenait de s'attaquer aux causes profondes de décapitalisation de la CPEG. Pas étonnant donc que le gouvernement genevois, constatant une nouvelle chute entre 2013 et 2014 du taux de couverture de la CPEG, se trouve contraint une fois encore d'en appeler aux contribuables genevois, en l'occurrence à hauteur de 4,8 milliards.
Pourtant, heureuse surprise, le Conseil d'Etat paraît enfin déterminé à agir sérieusement et à revoir à la baisse la généreuse palette des prestations de retraite dont bénéficient les fonctionnaires, notamment en obligeant ceux-ci à renoncer à la primauté des prestations au profit de celle des cotisations. Autrement dit, on peut espérer qu'enfin, comme dans le secteur privé, la gestion de la CPEG se conformera à l'avenir aux règles d'une saine gestion.
Mais pour que la raison l'emporte, encore faudra-t-il que les soi-disant «solutions» avancées par les partis de gauche et les syndicats de la fonction publique soient balayées. Elles reposent en effet sur le même «concept» que celui ayant conduit la CPEG et les caisses qui l'ont précédée à leur perte. Ce concept est celui de «la pyramide de Ponzi».
* Rapport de minorité au Conseil d'Etat établi en 1977 par MM. R. Lecoultre, L. Tchéraz et J.-P. Beausoleil.
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