HumourBruno Peki, jeune et «innocent»
L’humoriste genevois de 21 ans attend la fin du confinement pour retrouver la scène. On l’a joint sur Skype.

Parmi les humoristes genevois, il est sans doute le benjamin. Bruno Peki, 21 ans et innocent. Enfin, «Innocent», c’est d’abord le titre de son spectacle. Qui est en ce moment suspendu – devinez pourquoi –, mais qui devrait resurgir en décembre, le 10 et le 12 au Caustic Comedy Club si tout va bien. Puis suivi d’une tournée romande si tout va toujours bien. En attendant, Bruno Peki ne fait rien. Façon de parler, évidemment. Plus exactement, il écrit, peaufine ses sketches, en prépare de nouveaux, retravaille continuellement un spectacle qu’il considère à juste titre comme un «work in progress». «Cela doit rester un truc qui bouge, nous éclaire-t-il depuis sa chambre, chez ses parents, lors d’un Skype dont nous avons convenu. Depuis septembre, une tournée était prévue. Mais comme tout est à l’arrêt, j’écris des nouveautés.»
Le déclic d’une vocation
Bruno Peki, né Hausler (patronyme déjà pris par un humoriste français, raison pour laquelle il en a changé), n’a pas décidé un beau matin en se levant de faire de la scène et d’amuser les gens. Au départ, il se destinait même à devenir pongiste. Vous ne savez pas ce que c’est? Pas de panique, c’est juste ainsi qu’on dénomme les joueurs de ping-pong. «J’ai fait du tennis de table durant des années, parallèlement à l’école. Mais j‘avoue qu’il y avait une assez grosse discipline qui m’a d’ailleurs fait rater pas mal de trucs.» Ce n’est en tout cas pas lorsqu’il était pongiste que le déclic de la scène s’est produit.
«Je dirais que ça a été progressif, commente le stand-upeur. Je me souviens d’un cours de diction donné par un comédien qui m’a donné envie d’aller voir plus loin. À la fin de l’année scolaire, je me suis inscrit au conservatoire populaire. J’ai adoré, même si cela préparait surtout au schéma classique. Je crois que le vrai déclic s’est produit lorsqu’un ami m’a demandé d’aller voir un one man show. Je me suis alors lancé dans l’écriture en me disant que jouer devant un mur noir et dire des choses à un public qui te renvoie des rires, c’était exactement ce que je voulais faire. Sauf qu’au début, on commence normalement tout en bas de l’échelle. Avec un sketch parmi d’autres. Alors que moi, j’ai immédiatement visé le spectacle d’une heure quinze seul devant 400 personnes. C’était le début d’un vrai métier.»
Importance de l’autocritique
Un métier qui allait amener Bruno Peki à s’exprimer dans toutes sortes de formats. La scène bien sûr, mais aussi les vidéos et caméras cachées qu’il fait pour la chaîne Tataki, média numérique de la RTS destiné prioritairement aux jeunes, sans oublier ses chroniques sur Couleur 3. Ses vidéos, on en trouve énormément sur YouTube, et elles sont franchement drôles, fraîches, décomplexées. Si vous ne les connaissez pas encore, n’hésitez pas à faire votre marché. Ses caméras cachées, dans lesquelles l’humoriste tente de faire signer des pétitions pour l’indépendance du Valais ou l’interdiction des réseaux sociaux aux plus de 40 ans, sont à tomber. Sans parler de ses chroniques radiophoniques et de ses extraits scéniques. Il est juste doué pour tout.
«J’adore tous ces formats, et écrire pour ceux-ci, même si la scène garde mes préférences.» Constante de la plupart de ses sketches ou chroniques, Bruno Peki y parle beaucoup de lui, de son enfance, de sa mère, de sa propre vie, en somme. «C’est comme ça que je pense être le plus juste. Je ne sais pas si on peut parler de personnage lorsque je joue, mais en tout cas, celui-là me ressemble furieusement. Ma vision de la vie est très innocente. D’où le titre du spectacle. Après, il y a la difficulté de se mettre à nu. Sans le stand-up, je n’irais probablement pas aussi bien, mentalement parlant. Et l’autocritique y joue un rôle important, elle est nécessaire.»
À part ça, le jeune homme avoue aussi que le théâtre parfois lui manque. «Je ne sais pas si j’y reviendrai mais j’aimerais bien. Quand j’ai débuté à 17 ou 18 ans, je faisais très jeune. C’était un atout, je crois. Ensuite, je pense qu’il faut jouer avec ce que la vie te donne. On dit que l’âge d’un stand-upeur correspond en réalité à ses années d’activité. Le jour où il n’est plus à la mode, il faut passer à autre chose.» En 2021, Bruno continuera à mener de front toutes ces activités. Tout en espérant aller à Paris y présenter son spectacle.
«Dans ce milieu, j’essaie aussi de voir ce que font les autres. On se suit, on se compare. La concurrence existe, mais elle est positive. C’est un peu Thomas Wiesel qui a ouvert il y a quelques années la voie à l’humour en Suisse romande. Depuis, il y a eu une nouvelle vague d’humoristes confirmés.» Si l’humour reste la plus grande passion du jeune homme, il est ouvert à bien d’autres choses. «J’adore voir des films, sortir avec des potes, écouter de la musique. Rien de très original, au fond. Mais je suis quelqu’un de plutôt casanier, cocon et tout ça. T’as pas des films à me conseiller, là?»
«Innocent» au Caustic Comedy Club, les 10 et 12 décembre (vérifier dans les mémentos à ce moment-là).
Sur la chaîne Tataki RTS www.rts.ch/play/tv/categories/tataki
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