
Carouge, 26 mars
Il paraît qu’une campagne électorale achèvera son premier acte le 2 avril. Si les affiches et les visuels TPG n’envahissaient pas notre espace public, nous serions tentés d’en douter, tant l’absence de débats est flagrant. Le Conseil d’État a bien compris la stratégie: si personne ne se rappelle d’aller voter, on est bon pour un nouveau tour de piste.
Pour les candidats de gauche, plutôt que les grands combats sociétaux d’antan, un slogan incantatoire avec épicène en sus évidemment: «Uni.e.s par nos convictions, engagé.e.s pour Genève.» En sous-titre, comprendre: «Pourvu qu’il ne nous arrive rien!»
En face, ce n’est guère mieux. Le plus grand parti de droite semble ne plus savoir qui il défend, surlignant à coups de slogans jaunes qu’il a «le sens des réalités» avec le choix étrange d’une candidate apprêtée sur un chantier. Pour parler à l’oreille d’une classe moyenne qui n’a jamais été son électorat cible? Leurs communicants finiront bien par le dire. Au MCG, on asphyxie littéralement la ville de slogans anxiogènes, espérant que le ressentiment et l’inquiétude pourront faire passer le vide laissé après Poggia. Pour le reste du Conseil d’État, c’est «moderato cantabile», ou la discrète incantation d’une classe politique qui doit se dire que s’infliger une présence sur les marchés à coups de croissants et de distribution de flyers, c’est l’effort minimum qu’il faut faire pour limiter la casse après Mancy, et faire oublier l’impuissance de sortants sans bilan.
Aux Genevois et Genevoises de leur rappeler que la structure bancale de leur récit absent ne fait plus illusion.
Alain Lüthi
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Lettre du jour – Bilan d’une campagne sans éclat