Et dire qu’à ses débuts, après un 42e rang, il pensait que le Lauberhorn ne l’aimait pas. Que cette piste, trop longue, trop dure, n’était pas faite pour lui. Mais avec le temps, Wengen, qui lui a fait sa fête vendredi et samedi, a fini par avoir une belle histoire d’amour avec ce petit bonhomme pas comme les autres. On l’appelait «Kugelblitz», boule de foudre ou le bibendum de Schangnau.
Beat Feuz est en effet un personnage haut en couleur, attachant et unique sur le cirque blanc. Il y a du Roland Collombin en lui, une décontraction déconcertante dans ce milieu si sérieux où l’hiver se gagne l’été, dans une salle de force ou dans des camps d’entraînement à Ushuaia.
«À le voir déambuler une dernière fois avec sa femme et ses deux petites filles dans l’aire d’arrivée du Lauberhorn, on a senti Beat Feuz prêt pour une nouvelle vie de casanier.»
La légende rapporte qu’il est capable de s’enfiler une fondue la veille d’une victoire ou de taper le carton l’été avec des potes jusqu’à tard le soir au lieu de soulever de la fonte ou d’aligner des piquets en Amérique du Sud. Après onze opérations aux deux genoux, une amputation évitée de peu, c’est grâce à son gros caractère qu’il a toujours pu revenir encore plus fort.
C’est une force de la nature qui a ce petit truc en plus, ayant fait de lui un champion du monde à Saint-Moritz et olympique à Pékin. À 35 ans, le Bernois, qui a tout gagné, dont trois fois à Wengen et à Kitzbühel, a donc décidé de tirer sa révérence en fin de semaine sur la célèbre Streif pour consacrer tout son temps désormais à sa petite famille.
À le voir déambuler une dernière fois avec sa femme et ses deux petites filles dans l’aire d’arrivée du Lauberhorn, on a senti Beat Feuz prêt pour une nouvelle vie de casanier. Les 35’000 personnes venues en majorité pour lui ont scandé une dernière fois son nom dans cet Oberland qui a fait de lui un roi pas comme les autres. Ade, Beat, le Lauberhorn t’aimait bien, tu sais.
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Éditorial – ski alpin – Beat Feuz, un roi pas comme les autres
Sur une piste qu’il avait domptée trois fois, le Bernois a disputé samedi sa dernière descente à Wengen devant une foule qui l’a ovationné.