Ayop, ce requérant qui mobilise les Genevois
Le Tchadien victime de l'incendie des Tattes devrait être renvoyé d'ici lundi soir. Il nous livre son récit du voyage qui l'a mené à Genève

A l'heure où nous écrivons ces lignes, le sort d'Ayop ne tient qu'à un fil. Ce Tchadien de 19 ans, blessé à la tête après avoir chuté depuis le troisième étage lors de l'incendie du foyer des Tattes à la mi-novembre, a évité de justesse hier son retour vers l'Espagne, premier pays de l'espace Schengen où il a été enregistré. Selon les accords de Dublin, Genève dispose désormais de moins de 72 heures pour renvoyer ce requérant d'asile jugé gênant, devenu en quelques semaines le symbole d'une politique migratoire qualifiée d'inhumaine par une partie de la population. Mais qui est ce jeune africain dont le sort mobilise des centaines de Genevois et l'ensemble des partis de gauche? Nous avons rencontré Ayop Aziz mercredi soir aux Tattes, à Vernier. Il était loin de se douter que le lendemain, des policiers viendraient le chercher de force pour l'amener à l'aéroport. Au restaurant de la Croisette, à côté du foyer, il commande un café, les mains jointes sous la table. Dehors comme dedans, Ayop porte sa doudoune ouverte. Entre les deux pans de sa veste, on aperçoit Batman poser fièrement. «He's very strong», plaisante-t-il en regardant son pull. Ce sera un des rares sourires de la rencontre. Son parcours est chaotique. Il le raconte sans artifice, mais on sent que les blessures sont profondes.