Avec «Allegra», Philippe Rahmy lâche une (jolie) bombe
L'auteur vaudois signe un roman éblouissant, où il tape sur le monde de la finance autant qu'il esquisse avec tendresse la détresse d'un homme.

Autant le dire tout de suite, le nouveau roman de Philippe Rahmy fait partie des ouvrages qui marqueront l'année. En 2013, le récit poétique de son séjour à Shanghai dans Béton armé – un défi quand, atteint de la maladie dite des «os de verre», on se déplace en fauteuil roulant dans une mégalopole bondée – lui a valu une distinction spéciale du Prix Wepler. L'écrivain vaudois signe aujourd'hui avec Allegra une fiction éblouissante, tant par son style – des phrases concises, précises, au plus près de la pensée du personnage – que de l'histoire, se complexifiant au fur et à mesure qu'apparaissent des éléments totalement inattendus. Le cadre? Londres, juste avant les Jeux olympiques de 2012. Abel jeune père à qui la vie souriait – il était un trader prometteur – se retrouve licencié. En dépression post-partum, sa femme Lizzie l'a chassé de leur appartement et l'empêche de voir leur fille Allegra. Il se retrouve embrigadé par un ancien collègue dans une combine louche, qui se dessine de plus en plus précisément: construire une bombe et se faire exploser lors de l'ouverture des Jeux olympiques.