Avec «Adieux les enfants 2», l'«enfance banale» d'Hélène Becquelin
Hélène Becquelin séduit avec un deuxième tome plus structuré de sa jeunesse à Saint-Maurice.

Elle avait lancé la machine à souvenirs quand son frère Philippe, mieux connu comme Mix & Remix, est mort d'un stupide cancer fin 2016. En étaient sortis de délicieux dessins d'une enfance modeste à Saint-Maurice, où les mômes portaient le mythique bonnet Credit Suisse, les pantalons en velours côtelé, grimpaient aux arbres ou se déguisaient en curé. Ces illustrations avaient été exposées lors de BDFIL 2017 à la Galerie RichterBuxtorf. «Je pensais que cela n'allait intéresser personne», explique l'illustratrice lausannoise. Et pourtant si! Au point d'en faire un premier recueil, «Adieu les enfants», réveillant la nostalgie de nombreux lecteurs touchés par la douceur du trait, la délicatesse des textes.
Pensé comme un album
Avec «Adieu les enfants 2», Hélène Becquelin livre un recueil plus structuré. «J'avais prévu dès le départ d'en faire un livre. Je suis beaucoup plus satisfaite du résultat cohérent. J'ai amélioré mon style narratif, ma mise en page. Mon rêve serait de refaire le premier avec cette approche-là.»
On retrouve donc la famille Becquelin dans son locatif de Saint-Maurice, avec les copains de l'immeuble mais pas de celui d'en face, avec les fêtes catholiques qui venaient rythmer l'année, les jeux, les pique-niques du dimanche à côté des pâturages. C'était l'époque où on battait les tapis avant d'en brosser les franges, où on enviait la copine d'école qui avait droit à un pain au lait et une branche Cailler à la récré. Toute une ambiance douce et calme. «J'ai eu une jolie enfance, dans le fond très banale, que j'avais un peu oubliée. Et je n'ai pas voulu faire ressortir les petits détails désagréables.»
Il en est un, pourtant, qu'aborde délicatement la dessinatrice. Celui de la maladie de sa maman qu'elle ne décrit pas, sinon pour raconter les visites à l'hôpital ou les séjours chez l'oncle Edouard et la tante Mimi, dans la maison familiale d'un autre temps. «Ma mère avait une maladie cardiaque très grave. Elle a finalement été opérée deux fois parce que, sinon, elle n'aurait plus eu que six mois à vivre. Elle a été une des premières opérées de Suisse. Mais on ne nous disait rien, cela ne nous a jamais inquiétés.» C'est aussi parce que Maman était fragile que les trois enfants étaient plutôt calmes, «pour ne pas déranger». Chez les Becquelin, on lisait beaucoup, y compris de la BD. «Mon père l'adorait aussi et on se prêtait nos albums. Et tout le monde dessinait dans la famille, y compris lui. J'avais l'impression que c'était la normalité. Ma belle-sœur dit toujours que si on continue à dessiner après l'école enfantine, on n'arrête jamais. C'est sans doute vrai. Ma petite sœur et mes enfants, qui avaient un joli coup de crayon, ont cessé.»
La suite se prépare
La maman d'«Angry Mum» a commencé ce mercredi le troisième tome des souvenirs d'enfance dont la parution est prévue l'automne prochain. «En fait, c'est le premier que j'avais prévu de faire, sur l'adolescence. J'avais commencé à le scénariser il y a trois ans et mon frère avait déjà pu le lire. Il l'avait trouvé cool mais m'avait juste fait remarquer qu'il n'a jamais eu de t-shirt du groupe Magma.»
Oui, la musique est importante chez les Becquelin. Hélène aujourd'hui rate peu de concerts, même si ses potes mixent plus qu'ils ne jouent, «c'est plus facile quand on n'a pas étudié d'instrument». Ce troisième tome est né d'une remarque d'une des nièces qui disait: «Quelle chance vous avez eue de vivre dans les années 1980, il y avait des groupes incroyables.»
Tantine s'est mise au travail, aussi pour expliquer les courants musicaux de ces années-là. «Il n'y a plus ces chapelles aujourd'hui, le disco contre le punk, etc.» Elle avait converti sonfrère au punk, justement. «Il tournait en boucle avec Frank Zappa quand je lui ai fait écouter mon album des Ramones. Il a tout de suite croché.» On se réjouit déjà de voir ce troisième tome qui ajoutera de la musique au dessin. Et, d'ici là, on peut aller voir l'expo à la Galerie Les Dilettantes, à Sion (jusqu'au 9 novembre) ou rencontrer l'auteur le 30 octobre à la bibliothèque de la Violette, à Lausanne (17 h).
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