Dix jours de concerts à l’AlhambraAux Athénéennes, on sert le tutti frutti le plus chic de la saison
Essentiellement classique et jazz, cette fois également flamenco et rock avant-gardiste, le festival va où bon lui semble, au gré des amitiés et des artistes de passage. À suivre du 1er au 11 juin.

Vedettes du classique, as du baroque, virtuoses du jazz, diva du flamenco, un zeste d’avant-garde rock, une touche de répertoire contemporain, plus un gramme d’électronique pour achever les soirées… Avec en tête d’affiche Léa Desandre, David Fray, Youn Sun Nah, Estrella Morente ou encore Marc Ducret, la 11e édition des Athénéennes fait feu de tout bois.
Pour faire tenir sur la même affiche un programme éclectique au possible, le festival genevois a choisi cette année Dante et sa «Divine Comédie» en guise de thème générique. Prétendre que la manifestation s’avère si curieuse qu’elle ramène de tout dans son giron convient aussi bien lorsqu’il faut trouver le sens profond de cette 11e édition.
Jeunes interprètes et vieux amis
Du 1er au 11 juin, voilà donc une affiche pour le moins chamarrée qui prendra ses aises principalement à l’Alhambra, également dans le bar attenant à la salle du centre-ville, historique Alhambar rénové de manière aussi chic que sobre, ainsi que dans le temple de la Madeleine, à deux pas de là, espace idéal pour les programmes spirituels.
«Le collectif Aquaserge relève aussi bien du swing que du rock industriel, également de la musique contemporaine et de l’expérimental.»
À présent, quelque chose de différent. Kyrie Kristmanson, artiste canadienne d’origine islandaise, formée au Conservatoire de Lyon, appartient à cette frange de musiciens expérimentant entre la méthode classique, savante, et l’énergie, la faconde aussi, propre au rock contemporain. En témoignait cette relecture du «Requiem» de Fauré en 2019. Une rencontre s’imposait avec le collectif toulousain d’origine Aquaserge, sur scène le 9 juin.
Aquaserge mérite qu’on s’y arrête. Voilà un ensemble à envergure variable, rameutant chant, clavier, batterie et instruments à vent dans un feu d’artifice relevant aussi bien du swing que du rock industriel, également de la musique contemporaine, expérimentale encore. Ainsi baptisé en hommage Gainsbourg, par goût de l’absurde également – à quoi sers-je, question fondamentale pour tout artiste un tant soit peu concerné par son rôle ici-bas – le collectif livrait en 2021 encore un album ô combien complexe et beau. «À Possibility For A New Work For Aquaserge» voit la matière électrifiée, le groove même, heurter de plein fouet l’héritage de Varèse, Scelsi et Ligeti.

La musique contemporaine peut-elle échapper à une expérience purement cérébrale? Les Athénéennes en sont convaincues, qui suivent un tant soit peu ce mouvement lancé ailleurs dans le monde, parfois beaucoup plus proche de nous: à Genève, c’est le festival contemporain Archipel bien sûr, dont l’esprit frondeur fait florès depuis trente ans déjà. Voir alors ce que Marc Ducret, fameux guitar hero du jazz français, très rock dans le son, concoctera avec le Quatuor Bela, dans Berg et les propres compositions du soliste, le 2 juin.
Au volet contemporain du festival toujours, on retient cette création du jeune compositeur, né en 1988, Jules Matton, (7 juin), de même que ce programme dévolu à sa contemporaine, la compositrice américaine Caroline Shaw (9 juin).
Une étoile du flamenco
Du jazz alors. Voilà l’autre volet fondateur des Athénéennes. Beaucoup de pianistes sont passés par ici, reflet des goûts des programmateurs. On appréciera la manière ancienne de l’Amazing Big Band Orchestra, ici avec la chanteuse Celia Kameni, dans son hommage très standard à Ella Fitzgerald (2 juin). On s’ébaudira encore du talent de Youn Sun Nah, formidable – et attachante – vocaliste coréenne (10 juin). Comme on écoutera attentivement l’étonnant pianiste Laurent Coulondre (11 juin) ainsi que le saxophoniste zurichois Christophe Irniger (3 juin).
À noter enfin la venue d’une maîtresse du flamenco, la chanteuse Estrella Morente, fille d’Enrique Morente, grand réformateur du répertoire traditionnel. Mêler flamenco et classique, cela plaisait au père. Estrella Morente, qui visite également la variété, reprend le projet à son compte, interprétant en 2013 déjà les «Siete Canciones Populares Españolas» de Manuel de Falla. À suivre le 6 juin au temple de la Madeleine. Estrella Morente, qui sera également sur scène le 1er juin, à l’Alhambra pour l’ouverture des Athénéennes, dans de Falla toujours avec la pièce «El Amor Brujo».
Les Athénéennes, 11e édition, du 1er au 11 juin, Alhambra, Alhambar, temple de la Madeleine. Infos: lesatheneennes.ch
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