La pandémie vide le ciel européen
EasyJet prévient d'un possible «grounding» mais se veut rassurante sur sa situation financière. De Lufthansa à Air France, les compagnies figent la quasi-totalité de leurs avions.

La pression sur EasyJet, la compagnie aérienne qui a fait de Cointrin l'un de ses «hubs» en Europe, vient de monter d'un cran ce lundi matin. Les annulations des liaisons décidées par le numéro un des vols à prix réduit en Europe, en raison de la pandémie de coronavirus, «vont se poursuivre dans un avenir proche» et «pourraient entraîner l'immobilisation de la majorité de la flotte».
L'arrêt des vols à destination de l'Italie avait été annoncé dès le 28 février. Au départ de Genève, la compagnie orange ne vole désormais pas non plus vers l'Espagne, le Maroc et l'Albanie. Des vols de rapatriements de passagers bloqués à l'étranger sont cependant prévus, uniquement sur de «courtes périodes». Des destinations comme Israël, la Grèce et l'Égypte continuent par ailleurs d'être desservies.
De son côté, Swiss avait elle aussi suspendu ses 90 vols hebdomadaires vers l'Italie il y a dix jours, ainsi que ceux vers d'autres villes européennes comme Stuttgart et Bordeaux. Des grandes lignes ont ensuite été fermées les unes après les autres. La semaine dernière, le direct Genève-New York – très utilisé par le personnel des Nations Unies – a fait les frais de la fermeture des aéroports américains aux passagers en provenance de l'espace Schengen. De la même manière, les nouvelles restrictions de voyage par les autorités indiennes ont récemment conduit Swiss à suspendre sa desserte de Bombay et Delhi au départ de Zurich.
Un «grounding» à l'échelle européenne
Tout au long la journée, les principales compagnies aériennes ont annoncé des mesures d'une ampleur historique. Le groupe Lufthansa – dont fait partie Swiss – a annoncé interrompre les neuf dixièmes de ses vols long-courriers lundi en début d'après-midi. Autre entité du groupe aérien allemand, Austrian Airlines a déjà annoncé la suspension, à partir de jeudi, de tous ses vols réguliers. Et ce au moins jusqu'au 28 mars.
Même paralysie en vue du côté d'Air France-KLM, qui, un peu plus tôt dans la journée, a prévenu que le nombre de sièges offerts allait diminuer de 70% à 90% lors des deux prochains mois «au moins». En Pologne, ce sont l'ensemble des vols intérieurs qui ont été suspendus par le gouvernement pour dix jours, après les liaisons avec l'extérieur. En Scandinavie, Norwegian Air a elle aussi annoncé réduire de 85% ses capacités de transport.
Ryanair, le concurrent d'EasyJet a averti lundi que les restrictions imposées par un nombre croissant de pays allaient entraîner le maintien au sol de «la majorité de sa flotte pour les sept à dix prochains jours». IAG, maison mère de British Airways et Iberia, prévoit de son côté de laisser au parking «au moins 75%» en avril et mai, et prend aussi des mesures pour réduire ses dépenses tous azimuts.
Ces ajustements interviennent alors que les autorités européennes ont suspendu en fin de semaine dernière la règle du «on s'en sert ou on le perd» relative aux créneaux de décollage et d'atterrissage sur les aéroports du Vieux-Continent. Cette exigence avait poussé les compagnies à faire voler des avions à moitié vides ces dernières semaines. Sa suspension a aussitôt été accompagnée d'un ajustement de leurs capacités: annulation provisoire de lignes et redéploiement d'équipages. «Il est décevant que la décision ne couvre pas toute la saison», a cependant regretté vendredi Rafael Schvartzman, vice-président régional de l'IATA pour l'Europe.
Accès vital aux liquidités
La menace de «grounding» est telle qu'Easy Jet, qui emploie un millier de personnes en Suisse, se trouve obligée ce lundi de rassurer sur l'état de ses fondations financières. Elle met en avant une trésorerie atteignant l'équivalent de 1,9 milliard de francs suisses et les quelques 4,7 milliards que valent ses avions.
La clef reste cependant de pouvoir disposer de l'argent nécessaire au jour le jour. Touchée de plein fouet par l'arrêt brutal d'une grande partie de déplacements longue distance sur tout le Vieux-Continent, la compagnie dit être en train de discuter avec «des apporteurs de liquidité qui reconnaissent la solidité de notre bilan et de notre modèle économique». Et elle coupe «à tous les niveaux», les dépenses «non critiques» pour son activité.
Secteur torpillé
EasyJet prévient sans détour ce matin que «l'aviation européenne est confrontée à un avenir précaire» et que «rien ne garantit que les compagnies aériennes survivront», des propos d'une gravité rare dans la bouche de responsables d'entreprises, en particulier lorsqu'ils concernent non seulement leur activité mais également celle de leurs concurrents. Leur maintien en vie dépendra «de leur accès aux liquidités», avertit la direction du transporteur «low cost».
Le transport aérien est le secteur le plus touché par la paralysie d'une bonne partie de la planète et l'estimation des conséquences sur son activité augmente de semaine en semaine. Il y a dix jours, la «voix» du secteur, l'IATA, parlait de 113 milliards de recettes soudain «balayées». Mais cette estimation ne prenait pas en compte la fermeture d'une bonne partie des accès vers les États-Unis, Israël, le Koweït ou l'Espagne. Ainsi l'ensemble des vols entre l'Amérique et les pays européens de l'espace de Schengen – Suisse comprise – représentent des ventes de billets de 20 milliards par an, précisait l'IATA vendredi soir.
Une nouvelle fois les milieux financiers se trouvent pris à revers par ces annonces qui dépassent une nouvelle fois leurs plus sombres pronostics. Résultats, les investisseurs procèdent à des ventes paniques des actions des grandes compagnies lundi encore. Les titres Easy Jet s'écroule de 20% cet après-midi, tandis que ceux d'Air France-KLM dévisse de 17% à la mi-journée, celui du groupe Lufthansa de plus de 10%. IAG, la maison mère de British Airways s'écroule de plus de 25% en une seule journée. Depuis le début de l'année, les trois transporteurs ont vu leurs actions perdent la moitié de leur valeur, voir davantage. En dépit d'un effondrement du prix du pétrole qui, dans d'autres circonstances, aurait été accueilli comme une bénédiction.
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