Le courage ne relève pas de l’habitude, dans les hautes instances du sport business. L’honnêteté non plus. Il s’agit donc, d’abord, de tirer un immense coup de chapeau à Steve Simon, l’homme qui regarde la Chine droit dans les yeux au nom d’une femme, de sa liberté et de sa vie.
L’Américain, patron du tennis féminin, a choisi de suspendre toute relation avec la Chine, tant que cette dernière n’aura pas donné de vraies bonnes nouvelles de Peng Shuai. La joueuse, disparue début novembre après avoir accusé de viol un ex-haut responsable, est réapparue de façon téléguidée deux semaines plus tard. Aux dernières nouvelles, son sourire reste crispé.
Ensuite, on serait tenté de tirer l’oreille de Thomas Bach, président embarrassé, voire embarrassant du Comité international olympique. Pour le «Seigneur des anneaux», il était certes compliqué de se brouiller avec l’Empire du Milieu: les JO d’hiver commencent le 4 février prochain à Pékin. Mais le signal aurait été tellement fort, tellement beau, si le CIO avait fait mine de suivre Steve Simon.
«Le monde s’inquiète et un homme se bat.»
Alors le monde s’inquiète et un homme se bat. Les mauvaises langues diront qu’avec le Covid, on n’était pas près de revoir les stars du tennis en Chine. On leur rétorque que le courage de la WTA n’a d’égal que les risques financiers qu’elle encourt. Que ça fait du bien de voir les sacro-saintes «valeurs» du sport servir autre chose que le marketing.
De même qu’un gant noir dans le ciel de Mexico n’a jamais arrêté le racisme, le combat de Steve Simon risque de s’avérer vain. Mais il fait chaud au cœur.
Avis aux courageux: dans une année tout juste, la Coupe du monde de football battra son plein d’émotions et de nausées au Qatar. Et il ne semble pas raisonnable de penser que Peng Shuai donnera le coup d’envoi.
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Éditorial sur l’affaire Peng Shuai – Au nom d’une femme
Steve Simon, patron du tennis féminin, met tout en œuvre pour rendre justice – et liberté – à la joueuse chinoise Peng Shuai.