Finales genevoises d’improvisationAu jeu de l’impro, c’est toujours le public qui gagne!
Dahlias et Pissenlits se sont affrontés lors du Bouquet, offrant à une salle hilare sketchs alertes et réparties désopilantes.

Dans la salle, on rit. Beaucoup. Ça éclate comme un orage d’été et s’arrête tout aussi soudainement: il ne faudrait pas rater une miette de la saillie suivante. Jeux de mots et réparties sont le sel de l’impro. Une toute petite phrase suffit à détourner le fleuve de l’action de son lit et hop! on a raté le meilleur.
Sur scène, on rit aussi. Les six acteurs qui habitent le Théâtre de la Madeleine, vendredi soir, sont certes répartis en deux équipes pour cette finale genevoise, mais l’on sent bien que la rivalité fait partie du cérémonial. La joie qu’éprouvent à s’affronter Eric, Deborah, Julien, Nina, Damian et Marie saute aux yeux.
«Tous ont un niveau professionnel. La voix, le ton, le débit et, bien sûr, les gestes, les mimiques servent à figurer un personnage.»
Dahlias et Pissenlits – «la crème de l’impro genevoise» comme les qualifie Céline Andersson, présidente de la Fédération d’improvisation genevois (F!G) et arbitre de la manifestation – ont beau jouter sous des couleurs différentes, écharpes blanches pour les premiers, cache-nez jaunes pour les seconds, au final, il n’y aura qu’un seul gagnant, le public. À l’issue de la soirée, celui-ci brandira son carton rond. Face bleue, face rouge, qui s’en souvient?

Pour tisser ensemble un spectacle qui tienne la route et la salle en haleine, il faut jouer collectif: s’effacer lorsque d’autres sont bien lancés, entrer dans le jeu quand le dialogue pétouille, faire diversion, organiser ici un rebondissement, là une surprise ou un changement de cap.
Lorsque Deborah célèbre ses 18 ans, la tradition familiale lui impose de tuer un faisan. Eric livre le volatile puis, sans crier gare, mime la bête, formant le corps dodu de l’oiseau à l’aide de son écharpe blanche et adoptant sa démarche syncopée dans un numéro désopilant. Les gradins se déchaînent.

Ni décors, ni costumes, ni maquillage. Juste une écharpe de couleur, quelques chaises et les interventions musicales, toujours pertinentes, de Malik Kaufmann, l’homme-orchestre de l’impro. Comment font les acteurs? «Tous ont un niveau professionnel, même si nous conservons tous un travail à côté, commente Céline Andersson. La voix, le ton, le débit et, bien sûr, les gestes, les mimiques servent à figurer un personnage.»
Le texte, bien sûr, est improvisé. L’arbitre, quelques jours avant la rencontre, délivre toutefois un certain nombre de consignes. «Cette fois, j’ai donné comme thème le théâtre de l’absurde d’Eugène Ionesco, et il était utile d’avoir relu quelques-unes de ses pièces, souligne la présidente. J’ai aussi sélectionné des vidéos d’animaux, que les acteurs doivent doubler.»
Dans un autre sketch, à la manière de la série «The Office», les participants imaginent qu’ils sont filmés sur scène. Et au cours de la soirée, Pissenlits et Dahlias ont fait de la haute voltige autour des lettres, d’une tradition ambitieuse, des amours heureuses, du désert, du mot cœur ou du concept de «tout a un prix» dans leurs numéros.

Genève tient le haut du pavé en matière d’impro. En 2022, c’est au tour de la Fédération genevoise d’accueillir le 28e Mondial d’improvisation théâtrale amateur. La fine fleur de l’impro francophone – les meilleures équipes de Belgique, de France (Strasbourg), d’Italie francophone, du Québec (Montréal) et de Suisse (Genève) – se retrouvera du 12 au 22 octobre pour jouter. Les spectacles se dérouleront au Théâtre de la Madeleine, puis au Bâtiment des Forces Motrices (BFM) pour la finale.

21 juin: match d’impro Juniors vs Coaches, Villa Tacchini; 22 juin: finale du championnat Majeur, Villa Tacchini; 16-17 septembre: gala de la Fédération d’improvisation genevoise, Théâtre de la Madeleine; 12-22 octobre: 28e Mondial d’improvisation théâtrale, Théâtre de la Madeleine, finale au Bâtiment des Forces Motrices (BFM), impro-geneve.ch
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