Au Grand Théâtre, «Fidelio» plonge dans un enfer carcéral aseptisé
La nouvelle production surprend avec une mise en scène ingénieuse et avenante mais repose sur une distribution trop inégale.

Au lever de rideau, la scène ressemble à s'y méprendre à un diagramme de Venn où l'ensemble vide aurait triomphé de tout. Le biotope inquiétant qui se présente aux spectateurs du Grand Théâtre, si paré de blanc, si inondé par la lumière éblouissante, semble en effet avoir annihilé toute forme de vie. Les mesures de Fidelio – seul opéra de Beethoven, présenté jeudi soir dans une nouvelle production – défilent et par touches successives, le vide fini par céder au plein. Une salle de vidéosurveillance équipée d'écrans multiples fait alors son apparition depuis les hauteurs, et avec elle, voilà aussi Jaquino, premier assistant du geôlier Rocco. Sur les côtés, un autre espace glisse vers le centre: la buanderie du pénitencier d'où s'extrait la fille du geôlier, Marzelline.