
Versoix, 25 décembre
L‘auteur du récent éditorial «Les assureurs ont le droit de se vendre» défend le droit des assureurs maladie à se concurrencer chaque automne en faisant de la publicité dans la presse écrite et télévisée entre autres. Selon lui, cette logique de libre concurrence serait à même de permettre au citoyen lambda de choisir les primes les plus basses en favorisant la compétitivité entre prestataires.
Ainsi faudrait-il appliquer le principe du libéralisme économique et de la concurrence au système de santé, au même titre que les abonnements téléphoniques ou dans le négoce de tonnes de céréales ou de matières premières.
En cette fin d’année, ce sont plus d’un tiers des Suisses qui changeront de caisse, sans qu’aucun calcul n’ait jamais été rendu public sur les frais administratifs engendrés par ce gigantesque mouvement. Il est vrai que l’opacité financière de la faîtière des assureurs a déjà découragé plus d’un fonctionnaire de l’OFSP.
Plus de 25 ans après les débuts de la LAMal, nous constatons que ce système de libéralisme à outrance nous a conduits dans le mur. Les primes ont plus que doublé. Plus d’un assuré sur trois doit avoir recours au financement de l’État pour payer ses primes, la classe moyenne et les familles sont prises à la gorge par un pourcentage de leur revenu consacré aux primes sans cesse croissant.
Le véritable coup de bâton dans la fourmilière qui aurait permis de changer le système, le peuple suisse l’a raté en 2014 en refusant le principe de la caisse unique. Le lobby des assureurs, représenté par ses fidèles lieutenants parlementaires, parfois grassement payés, avait alors fait capoter le projet en hurlant à l’étatisation de la santé. Seuls quatre cantons romands l’avaient accepté.
Et pourtant, dans le domaine de l’assurance accident, ce modèle a fait ses preuves. La Suva, tout en favorisant une prévention à large échelle, a non seulement réussi à stabiliser les primes mais les diminuera pour la 2e année consécutive en 2023.
Ainsi, si rien ne change, nous continuerons à assister impuissants au déferlement publicitaire automnal des assureurs et à l’augmentation honteuse des salaires des dirigeants des caisses dont les trois plus élevés oscillent entre 800’000 et 1 million par année.
Jean-Pierre Stamm
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