Un cinéaste lausannois récompenséAntonin Niclass décroche le Bafta du meilleur court métrage
Le jeune réalisateur a été couronné dimanche à Londres par la prestigieuse récompense du septième art britannique pour «Do not feed the pigeons», petit bijou d’animation.

Dimanche au Royal Albert Hall, à Londres, Lady Gaga, Shirley Bass et autre Emily Watson menaient le show de la remise des Bafta, les plus prestigieuses récompenses du cinéma britannique. Et pour le Lausannois Antonin Niclass, ce fut également la fête, lui qui s’est vu récompensé par le Bafta du meilleur court métrage d’animation avec ses coauteurs Vladimir Krasilnikov et Jordi Morera, pour «Do Not Feed the Pigeons».

En huit minutes, ce conte volette à l’aube d’un monde meilleur. Entretemps, dans la lugubre salle d’attente d’un métro, les volatiles auront conchié les humains, la mesquinerie d’un businessman errant, le mutisme d’une ménagère fatiguée, voire l’étourderie d’un clochard.
«J’aimais l’idée d’arrêter le cours du monde, la nuit entre deux départs, explique Antonin Niclass. Au-delà de l’atmosphère étrange qui règne entre 2 h et 4 h du matin dans ces couloirs et courants d’air, nous voulions transmettre l’idée de se reconnecter au vivant.» L’ironie plane sur sa conclusion: «Choisir cet animal que tout le monde déteste semblait soudain très comique.»
«Pourquoi partir comme Claude Barras étudier à l’étranger? Il serait le premier à dire combien ici, il est dur de financer un projet de ce genre.»
À 30 ans, Antonin Niclass affiche aussi un pedigree de pigeon voyageur. Le Genevois d’origine a grandi à Savigny, étudié au Bugnon. Sa vocation tient à un cordon d’ordinateur qui le reliait à une caméra en Lego, source de mises en scène inépuisable. «De là, je n’ai plus cessé de vouloir faire des films. Je suis allé en Belgique pour obtenir un diplôme qui permettait d’accéder à la National Film and Television School de Londres, une école que j’avais sélectionnée pour sa fluidité entre les disciplines.»

C’est là que se sont formées quelques-unes de ses idoles, Peter Lord, Nick Park et autres joyeux créateurs de Wallace & Gromit. «Je revendique aussi l’influence de Roy Andersson («Un pigeon perché sur une branche», déjà!), pour sa mélancolie extrême, ou Wes Anderson, plus dandy sans doute.» Élégance et nostalgie fusionnent dans ce premier court, bricolage hypersophistiqué en «stop motion».
Le Valaisan Claude Barras a porté cette technique à un sommet avec «Ma vie de Courgette» (2016). «Pourquoi partir comme lui étudier à l’étranger? Il serait le premier à dire combien ici, il est dur de financer un projet de ce genre. Et puis j’avoue… j’étais amoureux de l’Angleterre.» Et elle le lui rend bien, Antonin Niclass, fort de ce Bafta, voyant son court courtisé par les plus grands festivals.
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres!
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