Vrai ou faux? Dans la vie, Antoine Maulini a notamment exercé la profession de barman, d'agent de securité, de vendeur de sous-vêtements et de caissier. Plutôt vrai, en fait. Remarqué dans La Revue, ce survolté de 29 ans a décroché son premier rôle en 1998 dans Mondialito de Nicolas Wadimoff, et joué dans plusieurs productions de la compagnie Confiture, notamment Elle a épousé un rappeur. Au Point Favre, à Chêne-Bourg, le voilà qui se lance dans son premier one-man-show. Titre révélateur: Le mytho. En une heure trente-cinq d'un spectacle résolument drôle parsemé d'intermèdes chorégraphiques et de chansons, Antoine Maulini se raconte, entre bobards et vérités.

Qui est-il vraiment? Sur scène, un footballeur délinquant, un infidèle trompé, un champion du monde de salsa et un mangeur compulsif, entre autres. Des personnages qui lui ressemblent, entre sincérité marron et demi-mensonges. «Dans Le mytho, les anecdotes les plus improbables sont souvent celles qui contiennent le plus de véracité», précise l'intéressé en avalant d'un trait une eau minérale citronnée, avant de poursuivre plein tube, en mode hyperactif: «Mon existence ressemble à des montagnes russes. J'ai un parcours de vie complètement chaotique, qui remonte très loin.»

Méconnaissable en travelo

Première fêlure à la prime enfance. Au Brésil, où il voit le jour dans une famille nombreuse, Antoine Maulini est abandonné tout bébé. «Je suis arrivé en Suisse à 1 an et demi. Mon adoption, c'est une chance. Je me considère comme un «abandopté». Par la suite, j'ai fait l'école buissonnière, créant mon propre planning horaire. En classe, j'avais de la facilité, mais j'aimais mieux jouer au rigolo et draguer les filles. A l'adolescence, j'ai fugué, connu des épisodes de violence. Précocité dans les bêtises, précocité sexuelle aussi: j'ai perdu mon pucelage à 12 ans, très tôt, trop tôt.»

A propos de sexualité, il faut évoquer ici la figure de travelo brésilien qu'a popularisée le comédien genevois sur scène dans La Revue. Une performance éblouissante, où il apparaît méconnaissable. «C'est mon personnage favori, je le reprends d'ailleurs dans mon one-man-show. Il me permet de m'exprimer crûment, avec une part de folie et d'exubérance.» A tel point que d'aucuns doutent parfois de son orientation. «Beaucoup de gens sont persuadés que je suis homosexuel, alors que je suis 100% hétéro!»

Champion de salsa

Intimes ou non, Maulini évoque ses hauts et ses bas dans Le mytho, sans omettre sa pratique du rugby du côté de Chancy, son côté foot et sa passion pour la salsa cubaine, qui l'a mené à deux titres de champion du monde vers ses 20 ans. C'est tout? Non: cet impulsif, qui se reconnaît paradoxalement un côté très carré, a aussi fait de la politique au Parti écologiste, siégeant deux ans et demi au Conseil municipal de la Ville de Genève.

De la matière, Antoine Maulini n'en manquait pas au moment d'élaborer son one-man-show. Vainqueur d'un concours de la Société suisse des auteurs (SSA) accordant une bourse pour l'écriture d'un premier spectacle, il pond dans un premier temps 110 pages de texte. L'équivalent d'environ quatre heures de représentation sur scène. «On va couper», tranche Gaspard Boesch, script-doctor et metteur en scène du Mytho. Avec la précieuse assistance de ce dernier, Maulini taille dans sa prose, afin d'aboutir à un ensemble cohérent.

«Pour écrire, j'ai dû effectuer une grosse introspection. J'ai ressassé tout mon parcours, pris conscience de certaines erreurs. L'accouchement a été difficile. Ça a été comme une sorte de thérapie par l'humour. A l'arrivée, je révèle beaucoup de moi-même, mais je maquille beaucoup aussi.» Alors, mythomane, Maulini? «Complètement!» A vérifier jusqu'à dimanche au Point-Favre.

«Le mytho»,jusqu'au 9 avril, Point Favre, av. F.-A. Grison 6, Chêne-Bourg. Je et sa 19 h, ve 20 h, di 17 h.