
Genève, 20 juillet
En réponse au texte d’invitée «Élevage intensif: il faut que ça change et vite!» signé Tessie Arpels, paru le 15 juillet, j’aimerais revenir sur certains des dires de son auteure, et certains de ses chiffres. L’enveloppe des paiements directs alloués à l’agriculture est de 2,8 milliards par an, et non pas 7 milliards!
Près de la moitié de cette enveloppe rétribue des mesures en faveur de la biodiversité et du paysage. Prétendre que la Suisse pourra imposer ses propres normes aux produits importés est utopique. Certains pays n’ont que deux contrôleurs bio alors qu’ils font plus de 24 fois la taille de la Suisse… Ce sont des promesses intenables.
L’invitée a raison sur un point: les prix augmenteraient. Cependant, elle ne mentionne pas le problème du tourisme d’achat. C’est bien dommage, mais on se rend vite compte que des raisons étiques ne sont pas un argument suffisant pour inciter notre population à faire ses courses en Suisse. Cette initiative ne fera qu’exacerber cette dynamique. Ensuite, nos pâturages, et nos prairies de plaine, sont d’incroyables pièges à carbone. Jamais labourés, ils captent du CO2 et le stockent.
Ainsi, l’idée reçue blâmant les vaches pour le changement climatique est un raccourci erroné, car nombre d’élevages sont, contre toute attente, neutres ou capteurs de CO2. Un litre de lait ne requiert pas 1000 litres d’eau! 100 litres, peut-être, mais il faut garder en tête que 80 à 90% de cette eau est dite «bleue», c’est-à-dire de l’eau de pluie… Encore une fois, un peu facile de crier au loup sans regarder les distinctions subtiles. Pour terminer, 84% des fourrages nécessaires à l’élevage en Suisse sont produits chez nous, 13% viennent d’Europe, et 3% proviennent de pays plus lointains.
Eh oui, les chiffres à scandale, ça plaît! Mais il est de notre devoir d’utiliser notre esprit critique et de creuser un peu plus loin…
Kim Girardet, éleveuse à Collex-Bossy
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Lettre du jour – Agriculture: il y a chiffres et chiffres