NeutralitéAffaire Julian Assange: le mutisme suisse critiqué
Le fondateur de WikiLeaks, probablement torturé, est en danger. Le rapporteur suisse de l'ONU regrette que Berne n'ose pas prendre position.

Le rapporteur de l'ONU contre la torture, le Zurichois Nils Melzer, critique l'attitude du gouvernement suisse dans le cas de Julian Assange, fondateur de Wikileaks détenu en Grande-Bretagne. «Se taire n'est certainement pas dans l'intérêt de la Suisse à long terme.»
Le Parlement de la Ville de Genève voulait proposer l'asile à Julian Assange, rappelle Nils Melzer dans un entretien à l'hebdomadaire alémanique «SonntagsBlick» publié dimanche. «Mais la Suisse veut éviter de se positionner du mauvais côté et de s'exposer. Elle ne veut pas que les Américains s'attaquent à sa place financière, trop dépendante.»
Il en va toutefois de la protection des lanceurs d'alertes, de la liberté de la presse et de l'Etat de droit, lance Nils Melzer. «Notre politique officielle s'engage sur ces thématiques, pourtant.»
Avec sa tradition démocratique, humanitaire et de droits humains, la Suisse «pourrait être plus claire aussi face aux Etats puissants, et appeler au respect des normes fondamentales du droit international en utilisant des canaux diplomatiques», souligne cet expert indépendant de l'ONU et professeur de droit international.
Torture psychologique
Récemment, Nils Melzer avait conclu que de la torture avait été infligée au fondateur de WikiLeaks. Il a aussi estimé que la survie de celui-ci était désormais menacée.
Le rapporteur de l'ONU réitère ses critiques dans son entretien avec le «SonntagsBlick»: Julian Assange, qu'il a pu visiter à plusieurs reprises, présente «des symptômes cliniques de torture psychologique».
Il est sous surveillance vidéo 24h/24, isolé de «tout contact amical, familier». Il est maintenu en isolement jusqu'à 23 heures par jour. De plus, il n'a accès ni à ses avocats américains ni aux pièces du dossier d'accusation, ce qui provoque un surmenage nerveux. On ne peut plus exclure le risque de syncope ou d'effondrement nerveux, selon Nils Mezler, qui «pourraient conduire au décès».
Des médecins du monde entier ont récemment publiquement demandé à la ministre de l'Intérieur britannique Priti Patel d'autoriser le transfert de M. Assange dans une clinique. Des pétitions de juristes, journalistes et ONG circulent aussi, demandant sa mise en liberté immédiate.
175 ans de prison
L'Australien Julian Assange est détenu dans la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh depuis le mois d'avril, condamné à une peine de 50 semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire.
Après sept années passées dans la représentation diplomatique de l'Equateur pour éviter une extradition vers la Suède suite à des accusations de viol, il en avait été délogé par la police britannique le 11 avril, avec l'accord de Quito. Le parquet suédois a annoncé en novembre l'abandon des poursuites pour viol, faute de preuves.
La justice britannique doit décider prochainement si elle autorise ou non l'extradition de l'Australien vers les Etats-Unis pour espionnage. En 2010, WikiLeaks avait publié plus de 700'000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines.
Ceux-ci mentionnaient notamment des violations des droits humains. Julian Assange encourt une peine allant jusqu'à 175 ans de prison pour avoir enfreint des lois contre l'espionnage.
ats
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