
Chêne-Bourg, 15 février
Un cas d’école dont la résonance déborde largement le contexte purement médical.
Je suis le représentant thérapeutique de Madame X, qui réside à Genève dans un EMS. Manifestant de graves symptômes pulmonaires, Madame X est hospitalisée d’urgence aux HUG, qui ne tardent pas à la transférer à l’Hôpital des Trois-Chêne.
Sa pneumonie aiguë n’augure rien de bon. Le docteur Y me fait comprendre qu’une guérison lui paraît improbable, et que la poursuite du traitement pourrait être assimilée à de «l’acharnement thérapeutique». Il ajoute que dans les trois jours, la décision pourrait être prise d’abandonner les «soins curatifs» au profit de «soins palliatifs». Autrement dit d’accompagner avec douceur Madame X dans son dernier voyage.
Le docteur Y se fondait sur un document signé par Madame X en 2022, faisant état de son opposition à tout «acharnement thérapeutique», si le cas devait se présenter. Or le docteur Y n’a pas relevé que Madame X avait signé ce document par l’intermédiaire de son représentant thérapeutique, à savoir moi.
Le lendemain de ma conversation avec le docteur Y, je téléphone à trois reprises à l’Hôpital des Trois-Chêne pour lui fournir cette précision et redéfinir les limites de «l’acharnement thérapeutique». En vain, le docteur Y est très occupé. Je voulais notamment lui dire que je ne considère comme «acharnement thérapeutique» que les cas où le patient a durablement perdu conscience, ou souffre de façon irrémédiable. Ce qui n’a jamais été le cas de Madame X, qui s’est toujours accrochée à la vie, malgré un état de santé détérioré.
Cela voudrait-il dire que la vie peut toujours avoir un sens, voire un sens augmenté, dès lors que la santé n’y est plus? Le mystère subsistera toujours, et les réponses ne cesseront de faire débat.
Toujours est-il que huit jours plus tard Madame X, ma sœur, se trouve guérie de sa grave infection pulmonaire, ce, grâce aux soins attentifs du personnel infirmier de l’Hôpital des Trois-Chêne, que je tiens à remercier au passage.
Conclusion: n’a-t-on pas tendance, lorsqu’il s’agit de personnes âgées à la santé précaire et dont il n’est pas aisé de sonder la volonté profonde, de «jeter le bébé avec l’eau du bain»?
Santo Cappon
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Lettre du jour – Acharnement thérapeutique, ou non?