INTERNATIONALA New York, l'espoir diminue, pas l'acharnement
180 morts ont été retirés des gravats. 5000 personnes restent disparues.

Le regard halluciné, ivre de fatigue, Aniello Pellol titube entre deux pompiers, essuie ses yeux du revers de ses gants. Il vient de passer quinze heures à découper la ferraille dans les décombres du World Trade Center et jamais n'oubliera.
Cinq jours après le drame, ils étaient comme lui des milliers à s'acharner hier dans ce paysage de fin du monde, coupant, soulevant, creusant, fouillant à la recherche de disparus... et refusant de céder au désespoir. Car bien entendu, les chances de retrouver des survivants diminuent de jour en jour.
Les secouristes sentent leur cœur battre plus vite lorsqu'ils trouvent des effets personnels parmi les gravats. C'est pour eux l'espoir de voir quelqu'un en vie à proximité, explique Ed Kester, un pompier du Queens. «C'est un signe, comme des lunettes, des carnets, des ordinateurs de poche... Nous amenons les chiens pour qu'ils reniflent.» Puis vient la déception.
Aucun rescapé depuis quatre jours
Selon le maire de New York, Rudolph Giuliani, 5097 personnes étaient encore portées disparues hier. Depuis mardi, 180 corps ont été retirés des décombres des tours jumelles (dont 115 ont pu être identifiés). «Les efforts des secours se poursuivent et les espoirs de retrouver des survivants existent toujours, mais la réalité est que nous n'avons retrouvé personne depuis quatre jours», a reconnu le magistrat lors d'une conférence de presse. Tragique, le bilan provisoire s'élève donc à plus de 5500 morts présumés, si l'on ajoute ceux de Washington et de Pennsylvanie.
Hier matin, des millions d'Américains ont envahi les églises pour des services religieux en leur mémoire. Et Rudolph Giuliani a convoqué pour jeudi une réunion de tous les responsables des diverses confessions afin d'entendre leurs recommandations pour la tenue, lundi prochain, d'un office religieux oecuménique.
«Allez à l’église, dans les parcs, faites des courses!»
Mais le maire a surtout loué les efforts des habitants de la Grande Pomme, qui tentent de reprendre une vie aussi normale que possible. «Allez-y, reprenez vos activités quotidiennes! C'est l'une des meilleures choses à faire pour montrer combien nous sommes forts. Allez à l'église, dans les parcs, faites des courses!» Les métros fonctionnent à nouveau ce matin afin d'encourager la reprise du travail à Wall Street et dans tout le sud de Manhattan.

Pour autant, les secouristes ne baissent pas les bras. Dans les rangs des volontaires circulent des histoires de tremblements de terre avec des miraculés retrouvés vivants dix jours plus tard. «Nous continuerons à espérer jusqu'à ce que la dernière brosse ait nettoyé le dernier monticule de poussière», assure Michael Glass, un maître-chien. «Il y a la volonté de vivre, peut-être des gens ont été ensevelis avec leur déjeuner, peut-être qu'il reste des sous-sols, des tunnels.»
Pour tenter de dégager des espaces, accéder à des cavités, refuges potentiels pour des survivants, les soudeurs creusent des tunnels dans d'innombrables couches de béton, armés de fers épais par endroits de quinze centimètres de diamètre.
Décombres impressionnants
Les pompiers new-yorkais, qui recherchent sous les décombres quelque 300 collègues, dirigent les opérations: ils orchestrent le travail des soudeurs mais aussi des conducteurs de grues, pour soulever les morceaux trop lourds. D'innombrables travailleurs, policiers, maçons forment de longues chaînes où passent de main en main des seaux ou des morceaux plus petits.
Le monceau de décombres est tellement grand, tellement haut, tellement vaste que les chaînes de sauveteurs qui s'activent en tous sens évoquent des colonnes de fourmis sur une monstrueuse fourmilière, surmontée par le ballet de dizaines de grues.
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