Marathon scéniqueÀ l’orée de 2022, le Grütli s’exclame «GOGOGO»!
Depuis 2020, le théâtre accueille l’an neuf par une explosion de performances gratuites. En présentiel cette fois.

Pour les plus enthousiastes, «GOGOGO» sonne comme un encouragement sportif à repeupler les salles. Aux désenchantés, le titre évoque plutôt le refrain entraînant et non moins lancinant du «Rehab» refusé par Amy Winehouse. Question de sensibilité, en ces temps contrariés. Les organisatrices Barbara Giongo et Nataly Sugnaux Hernandez étalent quant à elles en lettres capitales la volonté de «faire fi des étiquettes, aller au-delà des genres et se laisser surprendre». Les trois jours qu’elles dédient à la création indépendante contemporaine foisonneront dans les moindres recoins de la Maison des arts du Grütli, de ce jeudi 13 jusqu’au samedi 15 janvier, en hors-d’œuvre d’une saison calée sur le calendrier solaire. Si la vingtaine de propositions annoncées sont gratuites, elles nécessitent la présentation d’une contremarque à retirer sur place au préalable.

Entre un voyage hallucinatoire au cœur du Massif central («La Trève»), le portrait d’une jeune bègue («Camille») ou la performance écolo-inclusive d’une «gouine des champs» («Les aventures de Béatrix et Milla Pluton») déployés sur les boulevards que figurent les deux plateaux du théâtre, on s’aventurera par exemple du côté du «gueuloir», au sous-sol. Quand le collectif Anthropie n’y réinventera pas le mythe de Dionysos, s’y projettera un programme de vidéos d’artistes concocté par Marie-Ève Knoerle. Quoique bidimensionnelles, ces images récupérées des années 70 à nos jours promettent de faire politiquement et esthétiquement écho aux arts vivants en fête. À choix, on ira s’enfermer dans l’ascenseur du bâtiment, où l’artiste genevois Jérôme Leuba a installé son «Liftcom», un dispositif sonore reproduisant les rires enregistrés qui ponctuent les sitcoms américaines. En s’arrêtant au 3e étage, on tombera notamment sur «Les liseurs» recrutés par Adriana Wallis, qui donneront voix à des lettres postales égarées, faute d’adresse correcte.
Un puzzle en tête à tête
Toujours au 3e, Sophie Guisset n’adressera sa performance qu’à un spectateur à la fois, en toute intimité: avec l’artiste, celui-ci trouvera du réconfort à compléter un puzzle à 1000 pièces au gré de «Plus One». Un niveau plus bas, Dominique Gilliot s’interrogera dans «À propos du Grütli» sur l’influence qu’exerce un lieu de production sur le travail artistique qui s’y accomplit. Entre les murs du café, Davide-Christelle Sanvee donnera pour sa part une conférence sur les pratiques africaines en matière de coiffure. Les moins frileux, eux, sortiront faire quelques pas jusqu’au Spot Genève, à la rue du Diorama, où Lucile Saada Choquet accueillera sur un lit, à la queue leu leu, «des personnes racisées, perçues comme noires, arabes, berbères, asiatiques, latinas ou métisses».

Côté danse, Catol Teixeira interprétera «La peau entre les doigts» en s’inspirant en live des réactions du public, Hector Thami Manekehla dédiera à des êtres chers les pièces de «More and More», tandis que Marco Delgado et Valentin Pythoud exécuteront avec «Dos» un pas de deux sur un tube du Turc Erkin Koray, ou qu’Alessandro Sciaroni fera découvrir les tournoiements de la Polka Chinata typique de Bologne. Ce survol ayant lui-même quasi fait le tour des réjouissances, signalons, pour conclure, la soirée de clôture, samedi, confiée aux soins de l’agitatrice Elena Montesinos et son avatar That Girl. Surprises garanties.
«GOGOGO», du 13 au 15 janv. au Théâtre du Grütli, rens. sur www.grutli.ch
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