Exposition collectiveÀ l’Écolint, six artistes s’interrogent sur le genre
Cette thématique très en vogue est abordée par l’installation, le collage, la vidéo ou la peinture et permet d’alimenter la réflexion des élèves.

Créé en 2014, le Centre des arts de l’École internationale de Genève poursuit une double vocation: faire profiter le public de ses activités et nourrir son programme pédagogique. «Tous les arts sont représentés et les questions abordées sont liées aux valeurs de l’école, explique Isabelle Bréthaut Muller, directrice du centre. Environnement, inclusion, climat: les thèmes touchent à l’actualité du monde dans lequel l’enfant vit.» Celui du genre paraissait inévitable, autant que la nécessité d’ouvrir le débat en milieu scolaire.
Six artistes visuels ont donc été invités sur le campus pour répondre en quelques œuvres à la vaste interrogation: «Qu’est-ce que le genre?» Mêlant plusieurs médiums, l’exposition offre aux élèves de secondaire l’opportunité de travailler sur cette problématique en s’appuyant sur le travail de plasticiens professionnels. Les jeunes gens présenteront le fruit de leur réflexion sous la forme d’un accrochage le 24 mai.
Dans le grand hall, le visiteur est accueilli par une double proposition de la Genevoise d’origine uruguayenne Cecilia Campeas. Intitulé «Her intuition was her favorite superpower», le diptyque met en regard une installation textile tombant en graciles écheveaux du plafond avec de fragiles moulages en plâtre blanc. «Catégorisée comme féminine, l’intuition n’est pas valorisée par la société. Or, elle mérite d’être apprivoisée et revendiquée», explique l’artiste qui dit travailler de façon très instinctive et apprécier le mélange des matières. Pour réaliser sa haute sculpture suspendue, Cecilia a travaillé le fil au crochet, un artisanat transmis à travers les femmes de génération en génération.
Pubs sexuées
Alors que la peintre turque Sabar Nilgün présente des toiles colorées fusionnant des symboles issus des mythes antiques ou chamaniques, Adrien Savigny cherche à désexuer des publicités glanées dans des magazines de mode. «Ces revues sont de puissants vecteurs d’images genrées et codifiées, souligne l’artiste genevois. Au moyen du dessin, je tente d’effacer ces caractéristiques pour aller au-delà du genre, qui devrait demeurer mystérieux.» Dix-sept pages arrachées à «Vogue» et consorts se voient alignées au mur comme pour un défilé. Les personnages y sont noircis à l’encre: seuls des éléments de corps ou de vêtements se discernent encore, comme des silhouettes fantômes devenues sculptures.
Quant à Amina Belkasmi, elle observe par la vidéo les anecdotes de l’existence. Dans une succession de courtes séquences, on voit, de très près, une peau pincée, un garçon qui tournoie avec une jupe, un bout d’affiche tremblant dans le vent à un rythme évoquant l’orgasme: «Ce sont des moments de vie traités de façon brute, sans liens directs avec la sexualité», raconte celle qui revendique un côté queer. Dans un autre film conçu comme un collage animé, des visages de bébés en noir et blanc se superposent l’un à l’autre, dans un puzzle aussi drôle qu’inquiétant: au début de la vie, le genre n’est pas (encore) une question.
Jusqu’au 24 mai sur le campus de La Grande Boissière. Lundi-vendredi 8 h-18 h.
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