1918 Mendel Slatkine ouvre une librairie à Genève
De la vente à l'édition, les Slatkine sont présents depuis 100 ans à la rue des Chaudronniers.

Les Slatkine, une famille au service du livre depuis un siècle! Cet anniversaire sera dignement fêté du 25 au 29 avril au Salon du livre de Genève, sur le stand des Éditions Slatkine. «Nous y proposerons une exposition sur l'histoire de l'entreprise familiale fondée en 1918 par mon arrière-grand-père Mendel», annonce Ivan Slatkine, assis à une table du café du même nom, au 5, rue des Chaudronniers, dans la Vieille-Ville de Genève. «C'est là que mon aïeul a installé sa librairie de livres d'occasion. Il vendait ceux de sa propre bibliothèque, pour subvenir aux besoins de sa famille.»
L'ancienne boutique a été transformée récemment en café littéraire, où l'on peut acheter les publications des Éditions Slatkine et boire un verre en bouquinant. «Mon frère Michel-Igor et moi avons voulu perpétuer la présence familiale en ce lieu, même si nos activités se sont déplacées à Chavannes-de-Bogis et à Paris.»
L'exposition au Salon du livre évoquera l'arrivée de Mendel Slatkine à Genève en 1909, venu avec sa famille de Rostov-sur-le-Don, en Russie, par Berlin et Zurich. Mendel était un prospère agent d'assurances russe, fils de rabbin, qui avait voulu mettre sa femme et ses enfants en sécurité, suite aux persécutions antisémites de 1905 à Rostov. Il y était retourné sans eux pour ses affaires puis en était revenu ruiné en 1914.
«C'est alors qu'il commença à vendre les livres qu'il avait pu emporter avec lui», explique Ivan Slatkine. «Il avait connu à Genève Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine et d'autres Russes de passage. Le magasin lui-même ouvrit en 1918 et Mendel vécut jusqu'en 1965. Ses fils Michel et Alexandre continueront le commerce, et son petit-fils Michel-Édouard, mon père, aujourd'hui octogénaire, lui donnera un nouvel essor. À partir de 1964, désapprouvé par son propre père, il réimprime des ouvrages rares, grâce au procédé nouveau de l'offset.»
Les souvenirs les plus anciens d'Ivan Slatkine en lien avec la librairie familiale n'incluent pas son grand-père Michel. «J'avais 3 ans quand il est mort. En revanche, j'entends encore le bruit de la machine à écrire IBM de mon père, quand il tapait inlassablement la liste des livres en stock. Je me souviens aussi d'un job d'été réalisé avec l'aide de quelques camarades de collège. Il s'agissait de vider le dépôt de la rue de l'Athénée 4, rempli de nos livres depuis 1933. Un travail de titan dans les lieux mêmes où l'écrivain genevois Louis Dumur situe l'action de son roman «L'école du dimanche» (1911), que nous venons de rééditer. Aujourd'hui, c'est un bar.» (voir «Tribune de Genève» du 31 mars).
Le père d'Ivan s'appelle Michel-Édouard, fils de Michel et père de Michel- Igor. «J'ai failli m'appeler Michel-Ivan, mais cela commençait à faire beaucoup de Michel», plaisante Ivan. «Cent ans après les débuts de Mendel dans le commerce genevois, je suis aujourd'hui président de la Fédération des entreprises romandes (FER). Émouvant, non?»
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Slatkine en 2018: un groupe très alerte
Aujourd'hui, on peut parler sans exagérer du «groupe Slatkine», qui comprend cinq marques d'édition: Slatkine Reprints & Érudition, Éditions Slatkine, Slatkine & Cie, Éditions Honoré Champion et Éditions Cabédita. Cette dernière marque, née dans le canton de Vaud, s'inscrit dans la tradition régionaliste de la maison Slatkine. C'est d'ailleurs par une publication spécifiquement genevoise qu'ont commencé les Éditions Slatkine, en 1983, avec la sortie du premier volume de «Genève, passé-présent sous le même angle», avec des textes de Jean-Claude Mayor (de la «Tribune de Genève») et des photographies de Nicolas Crispini.
Un beau succès éditorial qui arrivait à point nommé, car les années fastes de la réimpression n'allaient pas éternellement. Au milieu des années 60, l'invention de l'offset avait permis à Slatkine Reprints, fondé par Michel-Édouard, de donner un nouveau souffle à l'entreprise familiale. Universités et bibliothèques privées s'étaient remplies de rééditions à l'identique d'ouvrages épuisés depuis longtemps. Un bon créneau qui allait durer jusqu'à la fin des années 90.
Michel-Édouard avait entre-temps racheté la maison d'érudition parisienne Honoré Champion, dont beaucoup de titres ont été réimprimés et qui continue actuellement à publier des thèses universitaires et des textes érudits.
Le numérique ayant tué la poule aux œufs d'or du reprint, et l'édition régionaliste ayant aussi ses limites, l'heure de Slatkine & Cie a sonné. Sous ce label, Ivan Slatkine et ses collaborateurs lancent des auteurs suisses et publient des traductions en français de succès étrangers. Depuis 2016, les plumes du Suisse Marc Voltenauer («Qui a tué Heidi?»), de l'Italien Luca di Fulvio («Le gang des rêves») ou de l'Allemand Benedict Wells («La fin de la solitude») valent des ventes records au groupe Slatkine dans toute la francophonie. Des best-sellers à retrouver sur le stand familial au Salon du livre.
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