11 novembre 1918-2018: un manifeste

Chaque semaine, la Tribune de Genève publie un point de vue sur l'actualité signé par un éditorialiste européen, dans le cadre de notre alliance LENA avec six grands journaux du continent: El País, La Repubblica, Le Figaro, Le Soir, Die Welt et le Tages-Anzeiger. Cette semaine, un an avant le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, qui devait être la dernière, ces journaux publient un manifeste dont on trouvera les mille premiers signataires sur notre site: «www.manifeste.tdg.ch»
Cette guerre était censée mettre un terme à toutes les guerres. Lorsqu'il y a environ cent ans, le 11 novembre 1918, la Première Guerre mondiale a pris fin sur le front occidental, une nouvelle ère semblait s'annoncer – une ère marquée par la paix, la démocratie et les droits humains, par l'autodétermination nationale et la compréhension internationale. Le droit de vote des femmes avait entamé sa marche triomphale. La Société des Nations avait été créée pour appliquer le droit international. Et pour de nombreuses personnes en dehors de l'Europe, la promesse d'autodétermination avait réveillé l'espoir d'une fin du colonialisme. Hélas, toutes les parties, les vainqueurs comme les perdants, les anciens comme les nouveaux États nations, ont gâché la chance qu'elles avaient de pouvoir créer un cadre de paix durable – en Europe et dans le monde. Vingt ans plus tard, l'invasion allemande en Pologne a déclenché le deuxième grand conflit, qui fut encore plus dévastateur, meurtrier et criminel.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'alliance transatlantique a aidé l'Europe occidentale à gagner du temps pour un développement pacifique et stable; avec l'intégration européenne, elle a créé un projet de paix et de richesse, tirant des leçons des horreurs du passé récent. Mais aujourd'hui, près de trente ans après la chute des dictatures communistes et l'unification du continent, la démocratie, l'intégration européenne et la paix elle-même sont une nouvelle fois menacées. Beaucoup des tensions et guerres actuelles rappellent ces conflits que les accords de paix signés après 1918 étaient censés résoudre. Tout ce qui est resté irrésolu à l'époque est d'une actualité criante aujourd'hui. Après tout, l'historien et diplomate suisse Paul Widmer avait peut-être raison lorsqu'il a déclaré ceci en 1993: «Alors que l'Europe a plutôt bien géré les conséquences de la Deuxième Guerre mondiale, elle tente encore de surmonter celles de la Première Guerre mondiale.»
La Russie de Poutine a du mal à accepter l'indépendance de l'Ukraine – déclarée pour la première fois en 1917 – et a encore plus de mal à accepter son déplacement vers l'Ouest. Cela vaut également pour la Géorgie et les pays Baltes, qui ont également été déclarés indépendants pour la première fois après la Première Guerre mondiale. Le système international mis en place au Proche-Orient et au Moyen-Orient après 1918 ne s'est pas révélé durable. La Turquie souffre plus que jamais de la douleur fantôme d'avoir perdu en importance suite à la fin de l'Empire ottoman. L'humanité vit à nouveau dans un monde critique, instable et multipolaire – comme après 1918.
Tous ces problèmes gagneront encore en actualité en 2018. De nombreux pays européens célébreront le centenaire de leur indépendance et de leur victoire, alors que d'autres se souviendront de leurs défaites et de leurs conséquences. À l'Est et à l'Ouest, les mouvements populistes qui se montrent sceptiques vis-à-vis de la démocratie représentative et de l'intégration européenne sont en plein essor. Une nouvelle vague nationaliste se dessine à l'horizon. Parviendrons-nous à donner une nouvelle perspective européenne aux commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale?
Il ne s'agit pas seulement de se souvenir des victimes et des conséquences d'une guerre horrible. Ce qu'il faut, c'est reconnaître l'importance de la paix en Europe et dans le monde, ainsi que l'importance du droit international universel et de la démocratie constitutionnelle. La première tentative de donner forme à ces valeurs dans le monde après 1918 avait échoué. Une deuxième tentative avait été initiée après 1945, avec l'établissement des Nations Unies et l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. En Europe, seule la moitié occidentale en avait d'abord profité. À la fin de la guerre froide, ces valeurs fondamentales semblaient s'être définitivement imposées. Aujourd'hui cependant, elles sont manifestement sous pression presque partout. Le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale et des efforts déployés après 1918 pour établir un cadre de paix durable est le moment idéal pour envoyer un signal clair en faveur des droits humains et de la liberté d'expression, ainsi qu'en faveur de l'État de droit et du respect du droit international.
C'est ce à quoi nous aimerions appeler!
Signatures Manifeste 1918 – 2018 (Dernière mise à jour – 6.11.2017 )
Initiateurs : Markus Meckel, politicien, Berlin Etienne Francois, historien, Berlin Bettina Greiner, historienne, Berlin Oliver Janz, historien, Berlin Sven Felix Kellerhoff, journaliste, Berlin Martin Lengemann, photographe, Berlin Gorch Pieken, historien, Potsdam Stefan Troebst, historien, Leipzig Belgique Simon Louagie, responsable pédagogique, Messines Valerie Rosoux, historien, Louvain-la-Neuve Nicholas Whyte, politologue, Bruxelles
Allemagne Marieluise Beck, politicienne, Berlin, Sarah-Maria Brech, journaliste, Berlin Marie-Janine Calic, historienne, Munich, Markus Dröge, évêque, Berlin, Michael Epkenhans, historien, Potsdam, Bernd Faulenbach, historien, Bochum, Katja Fischer, artiste, Berlin, Ralf Fücks, journaliste, Berlin, Bernd Greiner, historien, Berlin-Hambourg, Thomas Hennig, chef d'orchestre, Berlin Gerhard Hirschfeld, historien, Stuttgart, Basil Kerski, journaliste, Gdansk, Axel Klausmeier, historien, Berlin, Jürgen Kocka, historien, Berlin, Hartmut Koschyk, politicien, Goldkronach Gerd Krumeich, historien,, Düsseldorf Norbert Lammert, politicien, Berlin Jörn Leonhard, historien, Fribourg-en-Brisgau, Wilfried Loth, historien, Duisbourg-Essen, Maria Menzel, réalisatrice, Berlin, Gabriele Metzler, historienne, Berlin, Andreas Nachama, journaliste et rabbin, Berlin, Sönke Neitzel, historien, Potsdam, Cornelius Ochmann, politologue, Varsovie, Joachim von Puttkamer, historien, Iéna, Nikolaus Schneider, théologien, Berlin, Klaus-Heinrich Standke, ancien diplomate, Berlin/Cabourg, Matthias Weber, historien, Oldenbourg, Dorothee Wierling, historienne, Hambourg, Manfred Wilke, historien, Berlin, Heinrich August Winkler, historien, Berlin, Andreas Wirsching, historien, Munich,
Finlande Bo Strath, historien, Helsinki
France Corine Defrance, historienne, Paris, Ferry Jean-Marc, historien, Nantes, Mascha Join-Lambert, militante, Chambéry, Elise Julien, historienne, Lille, Sandrine Kott, historienne, Genève, Pierre Monnet; historienne, Francfort-sur-le-Main, Nicolas Offenstadt, historien, Paris, Ulrich Pfeil, historien, Metz, Jakob Vogel, historien, Paris,
Royaume-Uni Mary Fulbrook, historienne, Londres, Timothy Garton Ash, historien, Londres, Thomas Kielinger, journaliste, Londres,
Irlande Robert Gerwarth, historien, Dublin, Alan Kramer, historien, Dublin,
Italie Guido Franzinetti, historien, Vercelli, Oswald Ueberegger, historien, Bolzano,
Lettonie Valters Nollendorfs, historien, Riga, Lituanie Alvydas Nikžentaitis, historien, Vilnius,
Pays-Bas Jan Marinus Wiersma, politicien, Amsterdam,
Autriche Erhard Busek, politicien, Vienne, Christa Hämmerle, historienne, Vienne, Stefan Karner, historien, Graz, Helmut Konrad, historien, Graz, Hannes Leidinger, historien, Vienne, Verena Moritz, historienne, Vienne, Dieter Pohl, historien, Klagenfurt, Oliver Rathkob, historien, Vienne, Manfried Rauchensteiner, historien, Vienne, Arnold Suppan, historien, Vienne
Pologne Wlodzimierz Borodziej, historien, Varsovie, Maciej Gorny, historien, Iéna-Varsovie, Adam Krzeminski, journaliste, Varsovie, Piotr Madajczyk, historien, Varsovie, Adam Michnik, journaliste, Varsovie, Adam Daniel Rotfeld, politicien, Varsovie, Krzysztof Ruchniewicz, historien, Wroclaw, Marek Siewec, politicien, Kiev, Krzysztof Stanowski, militant, Lublin, Dariusz Stola, historien, Varsovie, Robert Traba, historien, Berlin,
Russie Irina Schwerbakowa, historienne, Moscou
Slovaquie Dušan Kovál, historien, Bratislava Juraj Stern, Bratislava Zuzana Sternova, Bratislava Espagne Faraldo Jarillo Jose Maria, historien, Madrid Ludger Mees, historien, Leioa Carlos Collado Seidel, historien, Marbourg
République tchèque Ondrej Mateijka, historien, Prague, Petr Pithart, politicien, Prague, Vladimir Spidla, politicien, Pragu,e Oldich Tima , historien, Prague,
Ukraine Oksana Holovko-Havryševa, spécialiste du droit international, Kiev
Hongrie Ballasz Peter, politicien, Budapest, Dalos György, écrivain, Berlin, Gyarmati István, diplomate, Budapest, Hegedüs István, Budapest-Bruxelles, Jeszenszky Géza, historien, Budapest, Pók Attila, historien, Budapest, Ungváry Krisztián, historien, Budapest
États-Unis James D. Bindenagel, diplomate et professeur d'université, Bonn, Jackson Janes, think tanker, Washington D.C., Konrad Jarausch, historien, Hope Harrison, historienne, Washington D.C., Norman M. Naimark, historien, Stanford, Jay Winter, historien, New Haven
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.